RSF s’inquiète de l’aggravation du climat d’insécurité pour les journalistes

Si de manière générale les Yéménites jouissent d’une plus grande liberté d’expression depuis que ‘Abd Rab Mansour Hadi a succédé à Ali Abdullah Saleh à la présidence en février 2012, ces avancées se sont cependant accompagnées d’une recrudescence des menaces et violences envers les médias de la part des opposants politiques et de divers groupes armés.

Reporters sans frontières dénonce la multiplication des exactions à l’encontre des professionnels de l’information qui sont en droit d’exercer sans que leur vie ne soit menacée. “Nous appelons les autorités yéménites à répondre à ces exactions en ouvrant des enquêtes indépendantes sur toutes les attaques commises contre des journalistes”, a déclaré l’organisation.

Le 18 septembre 2013, l’équipe de la chaîne Al-Arabiya composée du directeur de l’information, , et des cameramen , et , a essuyé les coups, les insultes et les menaces de mort de participants à une marche pour la poursuite des auteurs “du massacre de Kentucky” sur la place du même nom, à Sanaa.

Le cameraman de la chaîne locale Suhail TV a, quant à lui, été agressé par deux individus issus du Mouvement sudiste qui ont tenté de lui arracher sa caméra des mains alors qu’il tournait un documentaire dans le district de Crater, à Aden, le 9 septembre 2013.

Le 9 septembre toujours, la direction du journal local Al-Sharea, a déclaré avoir reçu l’injonction par téléphone, de “cesser de publier toute information relative à Al-Qaeda et l’Arabie saoudite”, si elle ne voulait pas voir ses locaux incendiés avec l’ensemble du personnel du journal.

En outre, les autorités yéménites ne parviennent toujours pas à fournir les garanties nécessaires au libre exercice de la liberté d’information. De nombreux journalistes restent confrontés à la méfiance, voire à l’hostilité des forces de sécurité.

Ainsi, le 14 septembre 2013, , rédacteur en chef du portail d’information Al-Wahdawi.net, a été interpellé, à l’aéroport international de Sanaa, par les services de la Sécurité nationale alors qu’il rentrait du Maroc où il venait de participer à une formation.

Un autre journaliste, a été menacé par les services de la sécurité nationale, après avoir publié, le 2 septembre 2013, une lettre de l’Agence de la sécurité nationale, adressée au ministre du Pétrole et des Minerais, demandant le licenciement des ouvriers en grève.

Par ailleurs, Mohammed Al-Abbsi et le rédacteur en chef du journal Al-Neda’a, , invités à témoigner devant le parlement de Stockholm ainsi qu’à l’université de Copenhague des exactions contre les journalistes dans leur pays, n’ont pu faire le voyage, faute de visa octroyé par les autorités consulaires françaises. En effet, la Suède ne disposant pas de service des visas au Yémen, les yéménites sont invités à s’adresser à l’ambassade de France pour ce type de procédure.

Ces exactions et obstacles à la liberté de l’information interviennent dans un contexte généralisé d’insécurité. Le 19 septembre 2013, Human Rights Watch a publié un rapport intitulé “‘A Life-Threatening Career’: Attacks on Journalists under Yemen’s New Government” (“Un métier à haut risque : Attaques contre les journalistes sous le nouveau gouvernement du Yémen”). Pour l’organisation, “la vague d’attaques contre des journalistes, observée depuis l’investiture du nouveau président au Yémen menace d’anéantir les progrès accomplis récemment dans ce pays en matière de liberté d’expression”.