Le propriétaire du Hankook Ilbo chasse ses journalistes de la salle de rédaction

Le 15 juin 2013, des journalistes du Hankook Ilbo ont été empêchés d’accéder à la salle de rédaction du quotidien sud-coréen, selon les ordres de son président et propriétaire, Chang Jae-ku. Désavoué par une partie de l’équipe rédactionnelle, celui-ci a fait exclure manu militari près de 180 journalistes du quotidien, et en a licencié pour les remplacer par des “proches”.

“Si nous ne nous prononçons pas sur les origines et le fond de la discorde qui oppose employés et direction, nous déplorons en revanche les méthodes illégales utilisées par le propriétaire du Hankook Ilbo, qui attente de manière flagrante au droit d’informer des journalistes. Son ingérence directe dans la composition de la rédaction du quotidien, dans le but de se protéger personnellement de potentielles répercussions judiciaires, est tout aussi révoltante. Nous appelons la justice à ordonner que les journalistes ciblés par ces représailles ne soient plus empêchés d’accéder à leur lieu de travail, afin de mettre un terme aux conséquences néfastes que toute cette affaire a provoquées sur la production et la diffusions d’informations par le Hankook Ilbo”, a déclaré Reporters sans frontières.

Le 29 mai 2013, une partie de l’équipe rédactionnelle a déposé plainte auprès du procureur de Séoul pour “abus de confiance” du propriétaire du journal, Chang Jae-ku. Le 15 juin, ce dernier a engagé une quinzaine d’agents de sécurité pour interdire l’accès des locaux aux journalistes et éditorialistes du Hankook Ilbo critiques envers sa gestion. Selon le Korea Herald, deux journalistes auraient ainsi été expulsés de force. , rédacteur en chef du Hankook Ilbo, a été rétrogradé, et remplacé par un éditorialiste retraité, proche du directeur, Jong-oh Ha. Deux nouveaux éditorialistes ont également été nommés par la direction.

Les journalistes ont immédiatement conduit des manifestations pour dénoncer ces abus et leurs dramatiques conséquences sur leur travail. Dans un communiqué adressé aux médias internationaux, le Comité d’urgence pour l’union du Hankook Ilbo a déclaré qu’il “ne s’agit pas d’une simple dispute entre un syndicat et une société. Il s’agit du combat de 180 reporters et éditorialistes réunis avec pour but commun de punir un patron corrompu, qui tente d’exploiter la rédaction pour son intérêt personnel, et de restaurer la légitimité du Hankook Ilbo, en tant que journal de bonne foi en Corée, où la presse a la réputation d’être partiale (…) Nous défendrons la justice en réalisant notre mission de surveillance des abus de pouvoir et en critiquant l’injustice, comme nous l’avons toujours fait. Nous ne ferons aucune exception, même s’il s’agit du propriétaire de notre société”.

Le contenu du quotidien n’est à présent plus composé que pour moitié d’articles émanant de journalistes, le reste étant constitué de reprises des dépêches de l’agence de presse Yonhap News Agency.

Voir le communiqué de presse des journalistes du Hankook Ilbo :

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