Réponse au Ministre de la Communication

Lors de la cérémonie de signature d’une convention avec le géant télévisuel chinois Startimes Media Sarl, le ministre de la communication, Monsieur Harry Laurent Rahajason, par ailleurs également directeur de l’organe de régulation de l’audiovisuel, la Commission spéciale à la communication audiovisuelle (CSCA) a émis des critiques à l’encontre d’un communiqué de Reporters sans frontières.

L’organisation, qui a une antenne à Madagascar et travail sur la situation de la liberté de l’information sur l’île depuis des années, tient à apporter les précisions suivantes.

Les textes réglementant l’aspect médiatique de la campagne présidentielle prévoyaient en effet un temps de parole gratuit et égal d’une durée de trois minutes trente alloué à tous les candidats dans les médias publics, ainsi que trente minutes de débat contradictoire sous le contrôle de la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENI) et l’Office de la radio et de la télévision malgache (ORT).

Les textes prévoyaient aussi que s’ajoute à ce temps gratuit alloué à tous, un temps supplémentaire, payant, pour passer des spots télévisés de 15 minutes pendant les 15 derniers jours de la campagne. Effectivement, ceux qui n’ont pas donné de matériaux à diffuser, souvent parce qu’ils n’avaient pas les moyens de les produire, n’ont pas bénéficié de ce temps supplémentaire de parole, et ont été en cela défavorisés.

Non prévus dans les textes, mais bien réels dans la pratique, ont été les reportages dits de “pré campagnes “diffusés sur les ondes de l’ORT. Les candidats ayant les moyens de financer les journalistes pour venir couvrir leurs activités disposants ainsi de plus de couverture que ceux n’en ayant pas les moyens.

Certes les textes légaux ont été respectés, à quelques petits problèmes techniques près lors des débats.

Reporters sans frontières déplore toutefois qu’à l’occasion de cette campagne, une logique commerciale ait pris le pas, dans les médias publics, sur ce temps de mobilisation citoyenne. Tout en comprenant que les médias publics ont besoin, comme les médias privés, de fonds pour subvenir à leurs besoins, le temps de la campagne électorale, attendue depuis quatre années par la population, aurait pu être un moment où on aurait pu espérer une prise en compte de l’intérêt public qui aurait placé cet organisme à l’abri du règne de l’argent qui contrôle trop souvent les médias malgaches.

D’ailleurs, l’Union africaine a soulevé dans son rapport de mission d’observation électorale les inégalités entre les candidats produites par l’accès aux temps d’antenne payants.

Les efforts déjà fournis par les organes en charge des élections et les médias publics sont louables et doivent être poursuivis et renforcés pour garantir une couverture équilibrée et libre de la campagne pour le second tour des présidentielles et pour les législatives.