Le Secret des Banquises : “Je voulais une scène d’amour inédite, loufoque et inoubliable !”

Rencontre avec Charlotte Le Bon et Marie Madinier, actrice et réalisatrice de la comédie romantique la plus surprenante de l’année !

Le Secret des Banquises est une comédie loufoque, un peu dark !

Marie Madinier : « Le Secret des Banquises est né de mon goût pour ces films qui décalent les codes de la comédie romantique, comme La Secrétaire de Steven Shainberg ou les comédies d’Howard Hawks. J’ai ensuite choisi de placer mon histoire d’amour dans le milieu de la recherche, peu mis en scène au cinéma et que je connais par mon frère qui est ingénieur de recherche au CNRS. Il travaille sur la sphéniscine, la protéine dont parle le film. Filmer une histoire d’amour dans cet environnement aseptisé, clinique me plaisait. J’aime les comédies, c’est un genre que j’affectionne particulièrement. Une jeune femme qui devient cobaye par amour est un principe tordu qui génère beaucoup de situations drôles, cocasses, absurdes. Le sentiment que je préfère au cinéma est le sentiment de honte car lorsqu’un personnage est gêné à l’écran, je le suis d’emblée également.

Charlotte Le Bon : « Le Secret des Banquises est une comédie un peu dark. Lorsque j’ai lu le scénario, je l’ai terminé avec une sensation âpre, dure. Je n’aime les comédies romantiques que lorsqu’elles sont atypiques comme celle-ci. »

 

Ce rôle, c’est exactement ce que je voulais faire depuis le début de ma carrière…

Charlotte Le Bon : « J’étais à Montréal sur le tournage du film de Robert Zemeckis lorsque j’ai reçu ce scénario incroyable. Il a la rareté de l’évidence. Je devais le faire. Depuis que j’ai commencé ma carrière, c’est exactement ce que je désire et ce à quoi je n’ai pas eu le chance de toucher encore.

A la sortie de Canal +, on est venu me voir très vite pour me proposer des rôles de femmes très en contrôle, dans la séduction, ce qui était normal. Mais cela ne me ressemble pas tant que ça. Et ce n’est pas très intéressant car le but de jouer, c’est de lâcher prise justement. En tous cas le plaisir pour moi réside dans le non contrôle. Et là j’abordais un personnage vaillant mais hyper maladroit, très têtu et lunaire. C’est la première fois que je joue un personnage dépourvu de vanité. J’ai dû l’aborder sans ego. J’ai bossé avec un coach, afin d’effacer toute ma féminité ! Un coach de danse classique et contemporain, avec qui j’ai travaillé ma démarche. J’ai compris mon personnage en calant sa démarche. »

Guillaume Canet est un pince sans rire redoutable !

Marie Madinier : « Je n’ai pas écrit avec des idées d’acteurs en particulier. Je tenais juste à avoir un couple glamour. Charlotte a été castée la première, elle m’a beaucoup impressionnée par sa gentillesse et sa compréhension du scénario. Lors de ses essais, elle a volé le rôle ! Ensuite il a fallu lui trouver un partenaire de jeu. On a pensé à Guillaume Canet, on lui a envoyé le scénario comme une bouteille à la mer et il a accepté tout de suite. J’ai été très gâtée.

J’ai choisi de faire mon découpage très en amont pour pouvoir passer du temps avec les comédiens. Ce qui est un luxe sur un plateau où l’on court après le temps. J’ai eu la chance d’avoir des comédiens acceptant de jouer les situations les plus absurdes qui soient, avec beaucoup de fous rires à la clef.

Charlotte Le Bon : « Ce qui est très étonnant, c’est que Guillaume Canet est très très très drôle. Je ne m’y attendais pas à ce point-là. Il est pince sans rire. Lorsqu’il me donnait la réplique, j’éclatais de rire, on perdait du temps. Lui restait sec, redoutable. »

Je voulais une scène d’amour inoubliable et impossible à reproduire…

Marie Madinier : « Les scènes d’amour sont très difficiles à tourner, et il est difficile de les réussir. Dans ce film, le mystère tourne autour de cette scène. Cela m’amusait de décaler une séquence d’étreinte et d’en faire quelque chose de surprenant, de drôle et de graphique. Je voulais une séquence d’amour inoubliable et inédite, même incompréhensible car on se demande bien ce qu’ils font, ce qu’il lui a fait. Quelque chose de drôle, mystérieux, osé mais pas scabreux. »

Charlotte Le Bon : « Le but de cette scène, qui est carrément loufoque, est de sembler impossible à reproduire. Cela donnait un spectre de possibilité inouï. J’ai tenu à faire moi-même toutes les acrobaties sans recours à une doublure. Je leur ai dit : « Si si je vous assure, je suis capable, je suis très souple, je sais faire plein de choses avec mon corps ! » Damien Chapelle et moi avons cherché à reproduire les acrobaties d’un couple de contorsionnistes. Je me suis découvert des angles dans le corps que je ne connaissais pas !”

Le Secret des banquises est une jolie fable sur la femme…

Charlotte Le Bon : « Dans ce milieu, les codes de séduction traditionnels ne fonctionnent pas. Cela crée des situations hyper cocasses où la fierté du personnage masculin en prend un coup. Cette héroïne fragile au début, renverse le rapport de pouvoir : elle devient son cobaye mais le prend aussi en otage. Cette interdépendance est caractéristique des histoires d’amour dans la vie de tous les jours. « 

Marie Madinier : « Le Secret des banquises est une chanson d’Alain Bashung que j’aime beaucoup. Tous ces chercheurs courent après une sorte de clef scientifique dont l’idée m’est venue au milieu du scénario :
spoiler:
le plaisir allait être la clef de l’immunité.

Le film pose la question de ce qu’on est capable de faire par amour. Est-ce que c’est l’amour de l’autre qui vous porte ? Est-ce que l’amour passe par l’amour physique ou pas ? Il parle aussi bien sûr du plaisir féminin… mais je n’en dirai pas davantage, n’est-ce pas !”

Quelle est la scène préférée de Guillaume Canet ?

Ma scène préférée Emissions Bonus