Joaquin Phoenix : “Gus Van Sant m’a aidé à grandir en tant qu’acteur”

Dans “Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot”, le nouveau film de Gus Van Sant, Joaquin Phoenix interprète le caricaturiste tétraplégique John Callahan alors qu’il tente de se sortir de l’alcoolisme. Rencontre avec un acteur exceptionnel.

AlloCiné : Pourquoi avez-vous mis si longtemps à retrouver Gus Van Sant ?

Joaquin Phoenix : C’est une excellente question, que je me suis d’ailleurs posée pendant de nombreuses années : “Pourquoi il ne m’engage pas ?” (Rires) Je ne sais pas. En fait, on avait parlé de faire un autre film avant celui-ci et ça ne s’est finalement pas fait, mais j’avais vraiment envie de travailler de nouveau avec lui.

Qu’est-ce qui vous plaît chez lui, en tant que réalisateur ?

Tellement de choses ! Gus fait vraiment en sorte que tout le monde se sente le mieux possible sur le plateau. On a le sentiment d’une expérience partagée et ça permet vraiment à chacun de donner le meilleur de lui-même. Il est aussi très drôle et c’est quelqu’un de franc. La première fois que j’ai travaillé avec lui, il m’a vraiment appris énormément. C’était un moment très important de ma carrière, il m’a aidé à grandir en tant qu’acteur. Vous l’avez rencontré ?

Pas encore, juste après !

Alors vous verrez exactement de quoi je parle, c’est quelqu’un qui vous met très à l’aise, il est vraiment sans prétention aucune. C’est aussi quelqu’un de très réfléchi et il est passionnant, il a plein de centres d’intérêt très différents, il peint, il joue de la musique… C’est un homme merveilleux et surtout, j’adore ses films ! My Own Private Idaho, Drugstore Cowboy, Elephant, Paranoid Park… C’est un cinéaste brillant !

Gus m’a aidé à grandir en tant qu’acteur

Vous avez souvent joué des personnages assez sombres. Celui-ci est très lumineux, solaire. Il y a beaucoup d’humour, c’est ce qui vous a attiré dans ce rôle ?

J’ai adoré l’humour dans le scénario de Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot et c’est vraiment un film optimiste. John Callahan était quelqu’un de très joyeux et de très jovial, et ça m’a plu. Mais vous savez, en fin de compte, lorsque j’interprète un rôle, je ne me pose pas vraiment la question de savoir si mon personnage est triste ou lumineux, je n’aborde pas les choses de cette manière-là.

Est-ce que ça a été compliqué pour vous de vous adapter à ce fauteuil roulant électrique ? Il n’y a pas eu trop d’accidents sur le tournage ?

C’était plutôt intuitif. Ce que j’ai fait, c’est que j’en ai loué un moi-même et j’ai installé comme un parcours d’obstacles dans ma maison. Je déplaçais les tables et les chaises et j’ai appris à naviguer entre les meubles autant que possible. Et je pouvais régler la vitesse en appuyant plus ou moins fort sur le bouton. Ensuite, je me suis retrouvé sur le fauteuil du film et il était deux fois plus rapide, c’était donc une nouvelle étape d’apprentissage et une toute autre histoire. J’en ai détruit quelques uns, je dois l’avouer… mais finalement, j’étais surpris car je pensais que ce serait plus compliqué !

A quelle point l’autobiographie de John Callahan était-elle importante pour vous pendant le tournage ?

C’était tout pour moi ! Je l’ai lue plusieurs fois. John était un excellent écrivain. Le livre est tellement intime, mais aussi furieusement honnête. Il y a un sentiment très fort de vérité dans ce qu’il raconte, au point qu’on a une réaction très viscérale à sa lecture. On a l’impression de le connaître. Je me suis beaucoup appuyé sur le livre pendant qu’on tournait. Gus, lui, le connaissait carrément par coeur. Je lui disais : « A un moment dans le livre, John explique qu’il ne supporte pas l’indifférence de son auditoire… » Et là, Gus me répondait : « Oh oui, c’est page 123 ! » J’étais soufflé : « Comment tu sais que c’est page 123 ? » Gus avait également tourné environ sept heures d’images de John dans les années 1990. C’était vraiment salutaire de pouvoir observer sa manière de se mouvoir et d’avoir l’opportunité de l’entendre parler de son art.

Quel est votre dessin préféré de John Callahan ?

Je suis désolé, mais c’est vraiment trop dur de choisir… (Il réfléchit longuement) J’en suis incapable !

La bande-annonce de Don’t Worry He Won’t Get Far On Foot, en salle aujourd’hui :

Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot Bande-annonce VO

 

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