Les obsessions de David Lynch : rêves, cauchemars, face cachée de l’Amérique, arts et mystères…

Ses mémoires “L’Espace du rêve” sont tout juste en librairies. Plongeons dans l’univers de David Lynch, 72 ans, où rêve et réalité flirtent le long d’une frontière poreuse.

1. Rêves et Cauchemars
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Eraserhead (1977)
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© Potemkine Films

Dix longs métrages ont suffi à David Lynch pour s’imposer comme l’un des cinéastes majeurs de la fin du XXème siècle et du début du XXIème. Il y campe un monde parfait, maquillage de la décomposition sur laquelle il est fondé.

Coupe de cheveux planante et cigarette Natural American Spirit vissée au bec, le réalisateur palmé à Cannes pour Sailor et Lula en 1990 joue de ses multiples facettes. Metteur en scène de cinéma mais artiste avant tout, il est d’abord un peintre. C’est la voie qu’il a choisie dès la sortie du lycée, et plus d’un demi-siècle après, il peint toujours. Mais il est aussi musicien, photographe, écrivain, acteur…

Les Etats-Unis, David Lynch les connaît par cœur. Tout au long de son enfance, il a suivi ses parents d’affectation en affectation, son père, un chercheur, travaillant pour le Ministère de l’Agriculture. Montana, Idaho, État de Washington, Caroline du Nord, Virginie… à chaque déménagement, il doit s’adapter, trouver sa place dans une nouvelle école, se faire de nouveaux camarades. Une discipline qui ne lui pose pas de difficulté majeure.

Il n’a que 18 ans quand il décide de se consacrer à la peinture. Il rejoint l’Ecole du Musée des Beaux-Arts à Boston et prépare un voyage de trois ans destiné à sillonner l’Europe avec son colocataire Peter Wolf, pour apprendre les métiers d’art auprès des maîtres qu’ils admirent. Ce voyage tourne court au bout de deux semaines seulement, et David Lynch revient à son point de départ. Il rejoint l’Académie des Beaux-Arts de Philadelphie où il s’épanouit davantage, rencontre son épouse, Peggy, devient père à 21 ans et réalise ses premiers courts métrages.

David Lynch, qui aspire à mettre ses peintures en mouvement, est d’abord attiré par l’animation. Dans un entretien accordé à France 3 lors de sa grande exposition The Air Is On Fire à la Fondation Cartier, le 5 mars 2007, il se souvient :

“J’étais dans l’atelier de l’Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie en train de travailler sur le tableau d’un jardin la nuit. Je regardais la peinture, le vent entre et je voyais les plantes qui commençaient à bouger. J’ai pensé que c’était intéressant, une peinture qui bouge grâce au son.”

Produits pour une bouchée de pain, Six Men Getting Sick (Six Times) et The Alphabet (qui mêle animation et prises de vue réelles) se feront remarquer dans le milieu artistique. Le jeune réalisateur se tourne alors vers l’American Film Institute qui ouvre à peine ses portes, pour le financement de son prochain court, The Grandmother. Il ne s’agit plus d’animation. La critique dira plus tard qu’avec ce film, dans lequel un petit garçon plante une graine et se fait grandir une grand-mère pour prendre soin de lui, toutes les préoccupations du cinéaste étaient déjà là.

Rêves et Cauchemars

L’inconscient est une source d’inspiration sans fin pour David Lynch et les rêves sont la voie royale pour l’explorer. De son propre aveu, il reconnait avoir eu le déclic pour son court métrage The Alphabet en observant la nièce de sa femme scander l’alphabet dans un sommeil agité. Eraserhead, son premier long métrage, tourné à Los Angeles où il a rejoint le Conservatoire de l’American Film Institute, aura lui-aussi des airs de cauchemar. Pas seulement dans sa narration, mais également dans sa production qui durera des années, au cours desquelles l’argent vient à manquer et son mariage vole en éclat.

Le héros de Eraserhead, Henry (Jack Nance), vit dans un univers désolé, où tout semble décrépit et à l’abandon. Il rencontre une jeune femme qui lui donne un enfant. Mais c’est un bébé monstrueux, qui pleure sans cesse, et Henry se retrouve vite délaissé par sa compagne, devant s’occuper seul du petit. Après avoir compris qu’il souffrait d’une maladie, il perd l’enfant et part le rejoindre dans un paradis dont l’entrée se situe dans le cœur d’un météore.

Ce premier long métrage en noir et blanc, totalement déconcertant, ne sera sélectionné ni à Cannes, ni au Festival de New-York. Sorti en 1976, il fait pourtant fureur au sein d’un cycle de films déviants, surnommé les Midnight Movies. Ils sont programmés en séance de minuit (en général le samedi) par des salles de cinéma américaines soutenant la production marginale. Eraserhead deviendra l’un des plus populaires avec El Topo, La Nuit des Morts-Vivants, The Harder They Come, Pink Flamingos et – bien sûr – The Rocky Horror Picture Show.

Repéré par Mel Brooks et ses collaborateurs, David Lynch est engagé pour tourner un film aux nombreux points communs avec le premier. Elephant Man (1980) est aussi un cauchemar à sa façon, mais bien réel puisqu’il s’inspire du cas de Joseph Merrick (rebaptisé John dans le film et interprété par John Hurt), un homme particulièrement difforme, étudié pour sa singularité par les médecins londoniens du XIXème siècle. Egalement tourné en noir et blanc, nommé huit fois aux Oscars (dont deux pour David Lynch, au scénario et à la mise en scène), Elephant Man repartira les mains vides.

Elepant Man est le long métrage le plus classique de la filmographie de son auteur, qui puisera désormais davantage dans ses inspirations oniriques pour ses autres films (à l’exception d’Une Histoire Vraie). En 1983, son premier blockbuster lui échappe. Tentant le pari fou de devenir celui qui aura porté au grand écran Dune, le roman de science-fiction de Frank Herbert, David Lynch refuse de signer le film, tant son producteur, Dino de Laurentiis, l’aura privé de liberté artistique. Des années après son échec public et critique, Dune sera tout de même reconsidéré par les fans du cinéaste comme une œuvre singulière, dont les meilleurs éléments doivent tout aux fantasmes baroques de Lynch. Le réalisateur, quant à, n’a plus jamais voulu parler de cette douloureuse expérience.

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Toujours avec De Laurentiis, il tourne un autre rêve, un autre cauchemar : Blue Velvet (1986). Son nouvel acteur fétiche Kyle MacLachlan, découvert dans Dune, incarne un jeune homme qui s’amourache d’une chanteuse de cabaret (Isabella Rossellini), proie d’un tortionnaire qui se prend pour son bienfaiteur (Denis Hopper). Cette relecture des Aventures d’Alice au pays des merveilles sera suivie quatre ans plus tard de Sailor et Lula, variation sur le thème du Magicien d’Oz, dans lequel deux amants (Laura Dern et Nicolas Cage) partent en virée le temps d’un raod-movie à hauts risques. Cette fois, ce sera une Palme d’Or pour David Lynch.

Peu à peu, c’est la narration complète de ses films qui se structure comme un rêve, passant d’une situation à une autre sans rupture. Dans Lost Highway (1997), le mari d’un couple espionné par un mystérieux vidéaste se retrouve emprisonné sous une autre identité pour le meurtre de sa femme. Dans Mulholland Drive (2001), deux jeunes femmes découvrent les secrets sordides dissimulés derrière le décor hollywoodien. Comme l’écrit Jürgen Müller dans “Les Films des années 2000” (éd. Taschen) : 

“Où finit le rêve et où commence la réalité ? D’ailleurs, que signifient ces mots dans un film de David Lynch ?”

Quant à Inland Empire (2006)… bien malin qui saura décrypter cet étrange cauchemar de trois heures filmé en numérique, où le monde des hommes à tête de lapin ne fait qu’un avec celui des plateaux de tournages.

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Certes, Une Histoire Vraie (1999), chronique du voyage entrepris par un vieux fermier qui traverse les Etats-Unis sur sa tondeuse à gazon pour renouer avec son frère, est une entorse à la règle. Mais en s’inspirant des rêves et des secrets qui s’y cachent, David Lynch imagine la plus complexe et singulière de ses œuvres : Mystère à Twin Peaks. Cette série télévisée va s’étendre sur trois saisons, de 1990 à 2017, escortée par un long métrage qui en sera le prequel, Fire Walk With Me, en 1992, et de quelques livres qui en étendront l’univers. Une œuvre aussi complexe que les rêves de son auteur.

L’envers du rêve américain

Au début du récent documentaire consacré à sa vie d’artiste, David Lynch: The Art Life (2017), le cinéaste se remémore certains souvenirs traumatiques de son enfance. Évoquant ses adieux à la famille Smith, voisine de la sienne à Boise (Idaho), il cale et déclare simplement : “Je ne peux pas raconter ça.” Qu’est-il arrivé ce soir-là, et combien d’anecdotes sombres ont terni l’éclat du rêve américain dans lequel le réalisateur admet avoir grandi ?

Dans les entretiens publiés avec le réalisateur Chris Rodley (2004, éd. Cahiers du Cinéma), le metteur en scène développe :

“Mon enfance, c’était des maisons élégantes, des rues bordées d’arbres, un laitier qui passe, des cabanes construites dans le jardin, des moteurs d’avions au loin, un ciel bleu, des clôtures en bois, des cerisiers. L’Amérique moyenne telle qu’on l’imagine. Mais sur le cerisier, il y a de la sève qui suinte. Du noir, du jaune, et des millions de fourmis rouges qui grouillent dessus. J’ai découvert que quand on regarde de près ce monde merveilleux, il y a toujours des fourmis rouges en dessous. Et, comme j’ai grandi dans ce monde parfait, tout le reste entrait en contraste.”

La première séquence du film Blue Velvet décrit on ne peut mieux la fascination de David Lynch pour le rêve américain porté à son paroxysme et ce qu’il abrite secrètement. Un homme qui arrose ses plantes dans son jardin propret, au son de la célèbre musique éponyme chantée par Bobby Vinton, est terrassé par une attaque. La caméra plonge pour explorer l’herbe sur laquelle il s’est effondré. Avec effroi, le spectateur découvre que l’édifice d’une vie si réussie reposait sur une terre putride, grouillante de vers, d’asticots et d’insectes voraces.

Eraserhead peut aussi être lu comme un premier avertissement de l’auteur sur ce qui est secrètement tapi dans la joie de la paternité. David Lynch,  décrit par sa première épouse comme un père aimant mais réservé, raconte dans ce premier film l’histoire d’une famille dysfonctionnelle, monstrueuse et malade, malgré l’amour inconditionnel. Mais aucune œuvre du cinéaste ne dira mieux le mythe américain et ses horreurs camouflées que Twin Peaks, la série diffusée dès 1990 sur la chaîne ABC.

Dans le petit village charmant de Twin Peaks, situé dans l’Etat de Washington (où David Lynch a brièvement vécu), le corps inerte de Laura Palmer, lycéenne populaire et sans histoire, est retrouvé au bord d’une rivière, emballé dans du plastique. Vu la confusion générale des autorités et de la communauté locale, l’agent du FBI Dale Cooper (Kyle MacLachlan) est dépêché pour mener l’enquête. Ce boy-scout à la bonne humeur inébranlable et aux méthodes peu banales va vite découvrir l’horrible vérité sur Twin Peaks et ses habitants.

En trente épisodes, Mystères à Twin Peaks n’a pas trahi une fois sa nature de soap-opera à succès : les rebondissements sensationnels sont là, les gags potaches aussi, les personnages qu’on croyait morts reviennent dans des déguisements improbables et les histoires d’amour se font et se défont à la chaîne. Mais les thèmes abordés ne sont pas ceux du soap – et loin de là. Meurtre, inceste, trafic de drogue, trafic de femmes, maris violents, sociétés secrètes, scandales étouffés par le gouvernement, éventualité d’un univers parallèle… C’est bien simple : David Lynch a fait jaillir du placard tous les démons de l’Amérique pour les faire évoluer dans une de ces coquettes bonbonnières dont elle a le secret. Devant leurs écrans, outre-Atlantique, les spectateurs par millions sont médusés.

Incompréhension ou arrogance ? David Lynch étendra sa série de trente épisodes à un long métrage assez hermétique qui sera sifflé au Festival de Cannes en 1992. Le public, lui aussi, est perplexe. Dans ce prequel nébuleux se croisent David Bowie, Chris Isaak, Harry Dean Stanton, Kiefer Sutherland et bien d’autres nouveaux noms qui viennent rejoindre une distribution déjà pléthorique. L’humour, essentiel dans le succès du programme télévisé, a disparu, tout comme Lara Flynn Boyle, remplacée au pied levé par Moira Kelly.

Twin Peaks L'intégrale – La bande-annonce du coffret Blu-ray

Il faudra attendre plus d’un quart de siècle pour retrouver l’univers de la série avec Twin Peaks – The Return, soit dix-huit épisodes complémentaires, pour mieux (ou moins bien) saisir les mystères de Twin Peaks. Dans cette nouvelle saison, une pluie de stars s’apprête à croiser la distribution originale et lever encore davantage de lièvres made in USA : la bombe atomique, les expérimentations secrètes, la corruption… mais sans oublier la pop-culture et la possibilité, à Twin Peaks, de devenir un super-héros armé d’un simple gant de nettoyage !

Certains puristes préféreront s’en tenir au grand écran et se référer à Mulholland Drive, qui transpose la mécanique de Twin Peaks au cinéma, le temps d’un film de deux heures et demie. Mieux vaut le savoir : Mulholland Drive était, à l’origine, le pilote d’une série télévisée dont la chaîne ABC a annulé la diffusion. Après un accident sur la célèbre route Californienne qui mène à Los Angeles, une jeune amnésique se lie d’amitié avec une actrice débutante, fraîchement débarquée à Hollywood dans l’espoir de devenir une star. Les deux femmes vont découvrir les petits secrets inavouables qui se cachent dans les coulisses de l’industrie cinématographique et d’autres mystères plus inattendus. Ce chef d’œuvre recevra le Prix de la Mise en Scène à Cannes en 2001 et le César du meilleur film étranger en 2002.

Arts et essais

On l’a vu, David Lynch est de tous les arts. Quelques années après ses peintures à la Fondation Cartier, c’est la MEP (Maison Européenne de la Photographie) qui expose ses photographies en 2014. Toujours à l’œuvre sur ses toiles depuis ses études d’art à Philadelphie, son processus créatif a été filmé dans David Lynch: The Art Life par Jon Nguyen, Rick Barnes et Olivia Neergaard-Holm. Ses peintures sont à l’image de ses films : sombres, torturées, énigmatiques, angoissées, faisant dialoguer toutes formes de matériaux.

David Lynch: The Art Life Bande-annonce VO

Si son dernier long métrage, Inland Empire, date de 2006, David Lynch n’a pourtant pas délaissé son oeuvre de cinéaste. Il réalise toujours ponctuellement des courts métrages, les associant parfois à son travail plastique, comme Idem Paris, tourné dans le célèbre atelier d’imprimerie de Montparnasse, où il achève ses lithographies. Il s’autorise aussi à apparaître devant la caméra : dans Lucky de John Carroll Lynch (aucun lien de parenté), il joue l’habitué d’un bar obsédé par la perte de sa tortue de compagnie. Il se confie à son ami comédien et habituel collaborateur, Harry Dean Stanton.

Le jeu d’acteur, il s’y est prêté pour son propre travail dès ses premiers courts métrages. Dans The Amputee, en 1974, il donne la réplique à Catherine E. Coulson, la femme de son comédien fétiche Jack Nance. Dans Mystères à Twin Peaks, il tient un rôle secondaire important, celui de Gordon Cole, directeur du FBI. Ce n’est donc pas uniquement par souci d’économies de budget que David Lynch se prête au jeu d’acteur.

Et, puisqu’il ne travaille sur un projet que s’il dispose d’une liberté créatrice totale, il n’est pas rare de le retrouver crédité au générique de ses propres films sur des postes insolites : bruitages, mixage son, créateur des effets visuels, compositeur, monteur, décorateur et même électricien !

A force de côtoyer différents milieux artistiques, le réalisateur s’est lié d’amitié avec quelques musiciens qu’on retrouve devant sa caméra : Sting, David Bowie, Chris Isaak, Marilyn Manson ou Billy Ray Cyrus ont tous accepté de petits rôles dans sa filmographie. David Lynch s’est d’ailleurs aussi essayé au monde de la musique en sortant plusieurs albums : Crazy Clown Time en 2011 et The Big Dream (encore la thématique du rêve) en 2013. Il signe certains morceaux de la bande originale de ses films, d’Eraserhead à la dernière saison de Twin Peaks. Dans la musique comme dans ses compositions picturales, il aime travailler la matière, distordre le son avec des effets divers et travailler son instrument (principalement la guitare) pour que son jeu ne ressemble à aucun autre. Son style musical va du rock expérimental à l’electropop.

Avec “L’espace du rêve” (éd. JC Lattès), il retrouve l’écriture, qu’il a su manier tout au long de sa carrière pour dérouler la trame de ses films mystérieux. Mais là encore, rien de trop simple et trop classique: ces mémoires croisés à une biographie ont été écrits à quatre mains, avec la journaliste Kristine McKenna.

Lynch et ses comédiens

Si l’univers graphique de David Lynch fait la singularité de son œuvre, sa fidélité à certains acteurs prouve qu’ils participent aussi de cette étrangeté capitale. Son ami Jack Nance, dont les circonstance de la mort brutale, en 1996, n’ont jamais été élucidées, fut probablement le premier visage lynchien du cinéma. Dans Eraserhead, avec sa tignasse dressée sur sa tête, impossible de ne pas le voir en clone cinématographique de l’auteur !

Eraserhead Bande-annonce VO

Il sera de la plupart des films de Lynch jusqu’à Lost Highway, sa dernière apparition sur grand écran. Son ex-épouse, Catherine E. Coulson, suivra également le cinéaste jusqu’à sa mort, en 2015, des suites d’un cancer. Elle qui apparaît dans le court métrage The Amputee face au réalisateur lui-même deviendra un véritable mythe avec son rôle de Femme à la Bûche dans la série Twin Peaks. Quelques jours avant sa mort à 72 ans, en septembre 2015, elle tourne sa dernière apparition à l’écran pour la nouvelle saison qui verra le jour deux ans plus tard.

Kyle MacLachlan est une autre figure incontournable de cette filmographie. Découvert à 23 ans pour incarner le jeune Paul Atreides dans l’adaptation cinématographique de Dune, il retrouvera David Lynch deux ans plus tard pour Blue Velvet et jouera le premier rôle de chacun des trente épisodes de la série Twin Peaks, de 1990 à 2017.

A dix-huit ans seulement, la fille de l’acteur Bruce Dern, Laura, deviendra aussi l’un des plus beaux visages de l’univers lynchien, d’abord dans Blue Velvet (1986) où elle joue la petite amie de Kyle MacLachlan. Elle livrera surtout une performance hors du commun quatre ans plus tard, face à Nicolas Cage dans Sailor et Lula, Palme d’Or au Festival de Cannes. Après seize ans d’absence, Laura Dern revient devant la caméra de Lynch pour Inland Empire. Quand Twin Peaks remet le couvert en 2017, bien qu’elle n’ait pas participé aux saisons d’origine, elle se voit attribuer l’un des rôles les plus importants de la série.

Le nom de Naomi Watts est également indissociable de celui de Lynch. Sa carrière au cinéma n’a vraiment décollé qu’avec Mulholland Drive. Quant à Harry Dead Stanton, on le retrouve à cinq reprises dans la filmographie de David Lynch de 1990 (Sailor et Lula) à 2017 (Twin Peaks – The Return). Il décède le 15 septembre 2017, quelques semaines avant que le monde entier le découvre en vieux cowboy, héros de Lucky.

Diffusés dans le courant de l’été 2017, les derniers épisodes de la série Twin Peaks réactivent l’obsession d’un artiste qui sait faire impitoyablement craqueler le vernis du modèle américain. Après avoir fait mine d’abandonner le projet, David Lynch a obtenu de la chaîne Showtime un contrôle total sur ce lot de 18 épisodes. Il en signe la mise en scène, la production, le scénario, le montage, la musique, le mixage, les effets visuels et certains décors. Il y donne même la réplique à l’ensemble de ses comédiens fétiches, allant jusqu’à réintroduire, via des extraits de saisons précédentes, ceux qui ne sont plus là. Twin Peaks – The Return est en effet la somme de toutes les marottes de David Lynch et son œuvre la plus riche pour qui veut comprendre cet artiste unique, étrange, complet et constant.

Et si David Lynch avait réalisé La La Land ?

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