Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat du présentateur de la chaine satellitaire libyenne Al-Hurra, , le vendredi 9 août 2013 vers 14 heures à Benghazi. Trois hommes armés ont tiré sur sa voiture et se sont enfuis après l’avoir mortellement touché de 6 balles.
Le journaliste de 25 ans, originellement médecin de profession ainsi que Cheikh respecté dans l’Est de la Libye, aurait reçu quelques jours auparavant un appel téléphonique le menaçant de mort si il daignait prononcer le discours pour la célébration de la fin du Ramadan, Eid Al-Fiter. Il a été abattu le lendemain de son prêche. Azzedine avait travaillé pour la radio Al-Manara FM avant de rejoindre la chaîne Al-Hurra.
En dépit des différentes professions qu’exerçait Azzedine Kousad, Reporters sans frontières n’écarte pas la possibilité que son statut de journaliste eut été une des raisons de son assassinat, et demande expressément aux autorités libyennes de ne pas écarter la piste professionnelle et de mener le plus rapidement possible une enquête pour élucider les raisons ainsi que les auteurs de cet acte criminel.
L’organisation s’inquiète profondément de l’environnement de plus en plus dangereux et instable dans lequel les professionnels des médias libyens travaillent et aux menaces et autres exactions auxquelles ils se trouvent confrontés. Azzedine Kousad est le premier journaliste libyen à être assassiné depuis la chute de l’ancien régime dictatorial de Qadhafi, caractérisé entre autre par une censure systématique et un musèlement des médias propre aux régimes autoritaires. Ce crime hautement condamnable marque un tournant grave et regrettable dans la difficile transition démocratique du nouvel Etat libyen, et révèle le manque de sécurité patent qui règne au sein de ce pays et que le gouvernement transitionnel libyen doit impérativement régler.
Reporters sans frontières rappelle qu’un Etat sans médias libres, indépendants, transparents et pluralistes et qui ne peuvent exercer leur rôle dans un climat sécuritaire est un Etat sans contre-pouvoir qui s’avère extrêmement dangereux pour le bon fonctionnement de toute société démocratique. Les autorités libyennes doivent se soumettre à leurs obligations internationales et nationales en termes de liberté d’expression et d’information. Elles doivent au plus vite adopter des dispositions législatives et judiciaires permettant la mise en place d’un système médiatique fonctionnel garantissant ces libertés fondamentales ainsi que protégeant les droits des journalistes et empêchant que l’impunité règne au sein du nouvel Etat libyen.