Reporters sans frontières condamne avec la plus grande énergie la décision de la Cour de première instance d’Awasa (sud-ouest du pays) de condamner le journaliste à 33 mois de prison en application de l’article 486/1 du Code pénal éthiopien qui condamne la “diffusion de fausses rumeurs contre le gouvernement ou les autorités publiques menant à des troubles de l’opinion publique”.
Dans un article publié le 4 septembre 2013 dans le journal Reporter, le journaliste Asfaw Berhanu avait annoncé le renvoi de trois vice-présidents de la Région des nations, nationalités et peuples du Sud, information qui s’était révélée fausse. Une rétraction et des excuses officielles avaient été publiées par le journal dès le 8 septembre 2013 et le journaliste responsable renvoyé de la rédaction.
“Ce cas illustre encore une fois l’instrumentalisation de la législation existante par le gouvernement éthiopien afin de justifier son comportement autoritaire à l’encontre des acteurs de la liberté de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Les “perturbations de l’ordre public” incriminées n’ont d’ailleurs pas été prouvées par le tribunal. Quoiqu’il en soit, condamner un journaliste à de la prison ferme est une mesure tout à fait inacceptable. La sévérité de la peine est en outre remarquable. L’article 486/1prévoyant un maximum de trois ans d’emprisonnement. Nous demandons aux autorités judiciaires de répondre favorablement à l’appel du jugement interjeté par le journaliste et de le remettre en liberté”, a ajouté l’organisation.
L’Ethiopie est classée au 137e rang sur 179 pays selon le Classement 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.