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Reporters sans frontières dénonce la décision du tribunal de première instance de Aïn Sebaâ (à Casablanca) de condamner à deux mois de prison avec sursis , directeur de publication du magazine Al-Aan pour “diffamation”. Peine privative de liberté qui a été assortie d’une amende de 50 000 dirhams (environ 4500 euros). Le journaliste a également été condamné à verser un dirham symbolique au plaignant pour dommages et intérêts. Le jugement devra en outre être publié dans quatre journaux marocains.
“Deux ans après l’adoption d’une nouvelle constitution, et un an après l’adoption par les autorités marocaines d’un certain nombre de recommandations relatives à la situation de la liberté de la presse formulées par le Conseil des droits de l’homme, cette condamnation à une peine privative de liberté pour diffamation, même avec sursis, et à une forte amende montre à quel point les promesses de réformes du code de la presse tardent à se concrétiser au Maroc”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Cette condamnation est une vengeance contre le journal Al-Aan , qui dérange les autorités. Elle constitue une véritable épée de Damoclès. Je ne suis désormais plus libre”, a déclaré le journaliste à l’organisation, à qui il a précisé son intention de faire appel.
Le 22 juin 2012, le journaliste avait publié un article qui dénonçait le comportement du ministre marocain de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, Abdelkader Amara (du Parti de la Justice et du Développement), qui, selon le journaliste, aurait dépensé pendant un déplacement officiel au Burkina Faso, la somme de 10 000 dirhams (environ 900 euros) pour organiser un dîner privé dans sa chambre d’hôtel, au cours duquel des boissons alcoolisées auraient été consommées. Une accusation dont se défend vivement Abdelkader Amara, qui a déposé plainte contre Youssef Jajili.
Convoqué le 23 octobre 2012 par la police, le journaliste avait été interrogé pendant cinq heures. Lors de sa seconde convocation le 14 décembre dernier, les policiers lui avaient remis sa convocation au tribunal pour le 14 janvier. Le procès s’était ouvert le 28 janvier dernier. Youssef Jajili encourait une peine de trois mois à un an de prison ferme et une amende allant de 1200 à 100 000 dirhams (de 110 à 9 000 euros).
Dans une lettre adressée à François Hollande lors de son déplacement au Maroc, en avril dernier, Reporters sans frontières avait souligné l’importance d’une véritable réforme de l’ensemble du code de la presse au Maroc, estimant que “si le projet de code de la presse ne comporte aucune peine d’emprisonnement, aucune disposition ne consacre le caractère exclusif de cette loi spéciale en cas de délits de presse. Or il est crucial de s’assurer que des dispositions générales du code pénal ou d’une autre loi ne seront pas appliquées pour statuer sur les suspicions d’abus dans l’exercice de la liberté d’expression. Si le code pénal marocain, qui prévoit des peines de prison ferme, était appliqué, cela réduirait à néant la dépénalisation des délits de presse.”
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