Reporters sans frontières s’inquiète du sort qui pourrait être réservé à la journaliste britannique et collaboratrice de WikiLeaks, , si elle décidait de retourner au Royaume-Uni. Après plusieurs mois passés à Moscou aux côtés d’, Sarah Harrison a annoncé avoir quitté la Russie dans un communiqué de presse publié en son nom et sur le site de Wikileaks, le 6 novembre 2013. Elle a alors rejoint un groupe de journalistes et d’activistes travaillant sur les pratiques de surveillance de la NSA basé à Berlin, parmi lesquels Laura Poitras et Jacob Applebaum. À son arrivée à Berlin, le samedi 2 novembre, les avocats de WikiLeaks lui ont fortement conseillé de ne pas rentrer chez elle, au Royaume-Uni.
“L’interpellation de David Miranda à l’aéroport d’Heathrow en août, sur la base du Terrorism Act, et l’interrogatoire de neuf heures qui s’en est suivi donnent une idée de l’accueil qui pourrait être fait à Sarah Harrison sur le territoire britannique. Les autorités britanniques doivent donner des garanties à Sarah Harrison pour qu’elle puisse rejoindre son pays en toute sécurité si elle le souhaite. La loi anti-terroriste et la protection de la sécurité nationale ne doivent pas être utiliser pour en réalité faire pression sur des journalistes enquêtant sur des sujets sensibles”, a déclaré Reporters sans frontières.
En septembre 2013, en pleine affaire Miranda, deux experts des Nations unies ont fait part de leurs inquiétudes quant à l’utilisation de la sécurité nationale à des fins d’intimidation de journalistes par les autorités britanniques. Pour Frank La Rue, rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression : “La protection des secrets liés à la sécurité nationale ne doit en aucun cas être utilisée comme prétexte pour intimider ou faire taire la presse, et la faire reculer dans sa principale mission, la dénonciation des atteintes aux droits fondamentaux.” Pourtant, l’interprétation largement extensive du Terrorism Act par le gouvernement britannique tend à assimiler toute forme de journalisme basé sur des documents classés “secrets” au terrorisme, et ce, alors même que la divulgation de ces documents aurait un intérêt public fort. En septembre dernier, Ben Emmerson, le rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste exhortait “les autorités britanniques à réexaminer leurs procédures afin de s’assurer qu’elles respectent pleinement les obligations du Royaume-Uni en vertu de la Convention européenne des droits de l’homme en ce qui concerne le droit à la liberté et à la sécurité, et le droit au respect de la vie privée et familiale”.
Dans son Observation générale n°34, relative à la liberté d’expression, le Comité des droits de l’homme des Nations unies, un groupe d’experts chargés d’interpréter les dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, rappelle que les lois relatives à la sécurité nationale ne peuvent être invoquer “pour engager des poursuites contre des journalistes, des chercheurs, des militants écologistes, des défenseurs des droits de l’homme ou d’autres personnes, parce qu’ils ont diffusé ces informations” sur des questions d’intérêt public légitime (paragraphe 30 – CCPR/C/CG/34).