Le film Steve Jobs de Danny Boyle s’inspire d’une biographie sortie en novembre 2011, un mois à peine après le décès du créateur d’Apple.Titré sobrement Steve Jobs (éditions JC Lattès) et écrit par le journaliste Walter Isaacson, l’ouvrage, voulu par le créateur d’Apple, raconte la formidable aventure qu’a été la création de la marque à la pomme et révèle la personnalité de ce visionnaire de génie.
Adulé de son vivant, surtout sur les dernières années de sa vie, élevé au rang d’icône ou de mythe après son décès en octobre dernier, Steve Jobs est peut-être un génie, il n’en possède pas moins une part d’ombre méconnue. La biographie que lui consacre Walter Isaacson, sortie début novembre en France aux éditions JC Lattès, lève le voile sur la vraie personnalité du fondateur d’Apple et révèle un personnage certes visionnaire, mais au caractère impossible, surtout pour son entourage.
Walter Isaacson, qui a notamment dirigé CNN et Time Magazine, a débuté ce livre en 2009 à la demande même de Steve Jobs qui a pris les premiers contacts avec l’auteur dès 2004. Après bien des hésitations, Isaacson a finalement accepté lorsque la femme de Jobs l’a appelé pour lui dire de le faire en raison de la maladie de son mari. Il a eu une quarantaine d’entretiens avec Steve Jobs qui n’a exercé aucun droit de regard sur le manuscrit.. Le PDG d’Apple assumait complètement ce qui allait sortir dans le livre. «J’ai fait des choses dans ma vie dont je ne suis pas fier (…) mais je n’ai pas de cadavres cachés dans mes placards» affirmait-il.
Cette biographie raconte donc la vie et l’incroyable parcours de Steve Jobs. Depuis sa naissance en 1955 et son adoption jusqu’à son décès le 5 octobre dernier à l’âge de 56 ans. Si sa vie privée n’est pas occultée, notamment la naissance d’une fille, Lisa, en 1978, qu’il a longtemps reniée, ou son mariage avec Laurene Powell en 1991, dont il a eu trois enfants, c’est bel et bien le parcours professionnel de Steve Jobs qui fait le sel de ces quelques 650 pages. La création d’Apple en 1976 dans un garage avec le génial Steve Wozniak, le lancement de Macintosh en 1984, l’éviction de Steve Jobs d’Apple en 1985, la création de NeXT puis de Pixar en 1986, le retour en 1997 chez Apple avec les lancements de l’iMac, de l’iBook puis de l’iPod en 2001, de l’iPhone en 2007 et de l’iPad en 2010… Tout le monde connaît les grandes lignes du parcours de Jobs, mais le livre de Walter Isaacson les raconte en détail. Un récit fruit d’un minutieux travail d’enquête et enrichi des nombreux entretiens que les principaux protagonistes de la vie de Steve Jobs ont accordé à l’auteur. Il en ressort à un personnage plutôt odieux, sûr de lui, cassant avec ses collaborateurs, manipulateur, et, ce que l’on sait moins, qui pleurait dès que les choses n’allaient pas dans le sens qu’il désirait.
Isaacson met bien évidemment en lumière le génie du créateur d’Apple et la vision très précise que Steve Jobs avait de la technologie et de la créativité. Le Think different d’Apple, slogan qu’il n’a pas inventé, illustre le mieux le sentiment qui a animé Steve Jobs tout au long de sa carrière. Le livre, malgré son épaisseur, se dévore. Il regorge d’anecdotes et de révélations, comme la liaison que Steve Jobs a eue avec la chanteuse Joan Baez pendant quelques années. Ou encore cette fête d’anniversaire que Yoko Ono a organisée en 1984 pour les 9 ans de son fils Sean Lennon. Steve Jobs est arrivé avec un Macintosh comme cadeau, ce qui a surtout passionné les invités présents, les artistes Andy Warhol et Keith Haring, qui se sont empressés de tester les capacités graphiques de la machine révolutionnaire.
Autre intérêt, et pas des moindres, de ce livre c’est qu’au-delà l’histoire de Steve Jobs et d’Apple, c’est celle de toute la micro-informatique grand public qui est racontée. On apprend ainsi comment sont nés les ordinateurs de maison, la souris, les icônes, l’interface graphique de nos bureaux virtuels etc. Des découvertes qui ont révolutionné notre manière de travailler, mais aussi nos loisirs et notre vie de tous les jours. Sans parler, bien des années plus tard, de la création de l’iPhone et de l’iPad. Cette biographie permet de prendre la pleine mesure de l’apport de Steve Jobs à notre quotidien.
Le livre de Walter Isaacson ne sacralise pas le créateur d’Apple, n’en fait pas l’éloge, ne le détruit pas non plus, mais permet de mieux cerner la personnalité de cet incontestable visionnaire. Le lecteur se fera seul son avis sur qui était réellement Steve Jobs et s’il mérite ou non d’être élevé au rang de génie au même titre qu’Edison ou Einstein.
Découvrez notre critique du film Steve Jobs