Reporters sans frontières déplore la mort du directeur du bureau régional du journal égyptien Al-Ahram , tué par balle au niveau d’un checkpoint tenu par l’armée à Damanhur, dans le gouvernorat de Beheira au nord de l’Egypte, dans la nuit du 19 au 20 août 2013.
Tamer Abdel Raouf et son collègue , journaliste pour le quotidien égyptien Al-Gomhuria, rentraient d’une réunion avec le gouverneur de Beheira auquel participaient une quinzaine de professionnels de l’information. Ils retournaient chez eux, dans la ville de Kafr Al-Dawwar, lorsque des soldats ont ouvert le feu sur leur véhicule.
Selon Hamed Al-Barbari, contacté par une représentante du Syndicat des journalistes, les deux journalistes s’approchaient d’un check-point militaire lorsqu’ils ont décidé de prendre une autre route pour rentrer chez eux. Alors qu’ils faisaient demi-tour, les soldats, sans doute effrayés par ce revirement, ont ouvert le feu.
La version de l’armée vient cependant contredire le témoignage du journaliste. Dans un communiqué, publié ce 20 août 2013, le porte-parole des forces militaires, Ahmed Mohamed Ali, affirme que les deux journalistes auraient forcé le passage du checkpoint en roulant à grande vitesse, ignorant ainsi les signaux d’arrêt lancés par les militaires. Ceux-ci auraient tiré quelques coups de feu en l’air avant de les prendre pour cible.
Tamer Abdel Raouf a été mortellement touché à la tête. Hamed Al-Barbari, blessé aux jambes et aux mains, a été transféré à l’hôpital de Damanhur où il a été opéré.
Reporters sans frontières demande l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale pour déterminer les circonstances exactes de la mort de Tamer Abdel Raouf. L’organisation rappelle que les règles du couvre-feu ne s’appliquent pas aux professionnels de l’information et de la santé qui sont en droit de se déplacer librement, et demande aux autorités militaires de respecter cette exception.
Selon Khaled Al-Balchi, membre du Syndicat des journalistes, plusieurs journalistes se sont plaint du non-respect, par les forces armées, de cette mesure.
Reporters sans frontières rappelle que Tamer Abdel Raouf est le quatrième journaliste tué en Egypte depuis le 14 août 2013, date à laquelle les nouvelles autorités ont décidé de disperser par la force les sit-in des partisans pro-Morsi.