Cynthia Sardou évoque le terrible drame qu'elle a subi : « Mon père en a beaucoup souffert »

La fille de Michel Sardou, qui a vécu un terrible drame dans sa jeunesse, s’est peu à peu reconstruite. A 47 ans, Cynthia publie son premier roman et se confie depuis le Québec, où elle vit désormais.

C’est l’histoire d’une renaissance. Cynthia Sardou a décidé de se lancer et de réaliser son rêve de jeune fille. Elle vient d’écrire son premier roman : Le film (éd. Ramsay). Il met en scène Louise, une actrice hollywoodienne, à la trajectoire triomphante qui trébuche. Elle se retrouve sous l’emprise de l’homme qu’elle aime. Pour construire sa trame hitchcockienne, l’ex-correspondante à Los Angeles de Canal+ a puisé dans ses souvenirs de séquences paillettes. Elle a aussi testé différents rebondissements dans des ateliers d’écriture. S’est plongée dans la littérature sur Hollywood ou les entretiens de François Truffaut.

Son frère, écrivain aguerri, l’a guidée dans cette nouvelle expérience. « Chez les Sardou, on est très soudés, se félicite Cynthia. Romain a été le premier à lire mon manuscrit. J’ai appliqué ses conseils en matière de rythme. » Son père Michel est également très présent dans sa vie, même s’ils ne se sont pas vus depuis plus d’un an en raison de la pandémie. Cynthia vit au Québec. « Je l’ai très peu connu enfant car il était tout le temps en tournée », reconnaît la romancière de 47 ans, dont la mère, Françoise Pettré, a divorcé du chanteur en 1977. « Mais il a toujours été là pour moi, reconnaît-elle. Nous sommes très liés. Il y a beaucoup de sentiments et d’émotion à chacune de nos retrouvailles en privé. Je m’entends très bien avec son épouse Anne-Marie. Elle est extraordinaire. Je n’ai qu’une envie : venir en France et les embrasser à nouveau. » Et de jubiler encore sur leur dernier moment de partage. C’était à Paris, en novembre 2019, en coulisse de la pièce de Guitry N’écoutez pas mesdames, que son père interprétait au théâtre de la Michodière.

« On n’oubliera jamais ce qui s’est passé »

Cynthia rend aujourd’hui hommage à ce père qui a suivi, pas à pas, sa reconstruction après l’enlèvement et le viol collectif dont elle a été victime en 1999. Plusieurs heures de cauchemar, avant d’être abandonnée sur un terrain vague en banlieue parisienne. « Mon père a beaucoup souffert de mon drame. Ça lui a fait beaucoup de peine. Il a ses silences. Plus que ses mots, ce sont ses actes qui m’ont marquée, glisse-t-elle. Il s’est toujours beaucoup inquiété de mon évolution et a toujours veillé à connaître mon ressenti. » Ses agresseurs ont été jugés et condamnés. « On n’oubliera jamais ce qui s’est passé, j’essaye de passer à autre chose. L’écriture m’y aide, confie aujourd’hui la romancière. Mais la leçon CHRISTOPHEL que je retiens de mon père, c’est qu’il ne faut pas avoir peur et mener ses projets au bout, continuer à avancer. » « Ça n’a pas toujours été évident d’être la fille d’une célébrité, précise-t-elle cependant, il ne m’a toutefois jamais empêchée de dire ce que j’avais à dire. Avec ma sœur et mes frères, il nous laisse vivre notre vie et ne porte pas de jugement. »

OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

Preuve de sa force retrouvée, Cynthia – qui a perdu l’un de ses meilleurs amis atteint de la Covid-19 et lui a dédié son livre – s’est investie pour lutter contre la pandémie aux côtés des soignants, à Montréal. « J’ai mis entre parenthèses ma société de communication et j’ai saisi l’opportunité donnée par le gouvernement québécois de venir soutenir le système de santé », témoigne-t-elle. Elle participe depuis plusieurs mois à des cellules d’aide psychologique. Pour sortir les malades de leur isolement, et aider certains d’entre eux à s’alimenter. « Je ne pouvais pas rester sans rien faire, dit-elle. C’est une incroyable aventure humaine. »

Installée depuis dix ans dans la Belle Province, Cynthia, séparée de son mari le journaliste Jean-Claude Bataille, apprécie la paix et l’anonymat qu’elle a trouvés dans cette contrée. « Pas de paparazzis, pas de soirées mondaines ni de pique-assiette prêts à distiller leur venin », se félicite-t-elle. Elle pense déjà à une suite de ce premier roman et se réjouit que deux producteurs, un Canadien et un Américain, se soient manifestés pour une adaptation à l’écran. Dans Le film, sa jeune héroïne, Louise, est nommée pour un oscar, distinction qui ne fera pas son bonheur. En 1990, Michel Sardou avait interprété une chanson écrite pour lui par Pierre Delanoë sur le même thème, intitulée L’award : « C’est un objet sans beauté, un semblant de vérité, le reflet des vanités », disait le texte. « En écrivant mon livre, je n’avais pas cette chanson en tête, concède Cynthia Sardou. Mais j’aime que nous ayons eu une idée similaire. Comme quoi nous sommes vraiment liés ! » Par une belle maladie d’amour.

Crédits photos : Best Image

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