L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) et le ministère de la Santé lancent à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida une nouvelle campagne qui, et c’est une première, insiste sur les bénéfices du dépistage notamment en termes d’accès aux nouveaux traitements.
Cette année, la campagne de sensibilisation du grand public et des professionnels de santé met l’accent sur l’importance du
dépistage de l’infection à VIH, “partant du principe que pour profiter des progrès scientifiques en matière de traitement du VIH, il faut connaître sa séropositivité“. En effet, les
progrès thérapeutiques réalisés au cours des dernières années ont profondément modifié le profil de l’infection VIH, la rendant désormais parfaitement compatible avec une vie sociale et familiale. C’est pourquoi les autorités sanitaires ont décidé de mettre l’accent sur l’incitation au dépistage, seul moyen de connaître son statut vis-à-vis du VIH et, si besoin, de bénéficier des nouvelles thérapeutiques. Deux cibles : le grand public et les professionnels de santé Le dispositif envisagé pour la campagne concerne d’une part les professionnels de santé, d’autre part le grand public. Il comporte pour ces deux types de public une affiche “1er décembre“ incitant au dépistage, que les médecins pourront accrocher dans leur cabinet, et une annonce dans la presse professionnelle et grand public, diffusée du 8 décembre au 11 janvier, rappelant les progrès réalisés en matière de traitement anti-VIH et informant de la campagne menée. Les professionnels de santé auront également à leur disposition un document ressource intitulé “Dépistage du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST)“ qui détaille les différentes étapes du dépistage et propose des façons pour aborder la question lors de la consultation. Le grand public sera de son côté la cible d’un spot retraçant les avancées en matière thérapeutique, soulignant l’intérêt d’un dépistage précoce ; il sera diffusé à la télévision et au cinéma du 1er au 21 décembre, et sa version longue sera accessible sur Internet. Les autorités sanitaires ont par ailleurs pensé aux groupes spécifiques, comme les populations homosexuelles qui retrouveront l’ensemble des informations de la campagne dans des revues et sur des sites spécialisés (
www.sneg.org,
www.yagg.com), les personnes malvoyantes qui disposeront de brochures adaptées sur l’utilisation des préservatifs masculins et féminins ou encore les personnes migrantes originaires d’Afrique subsaharienne, envers lesquelles trois spots radio insistant sur l’accessibilité et l’efficacité du dépistage seront diffusés sur la radio Africa n°1, partenaire du projet. 6 700 nouveaux cas d’infection VIH en 2009 Le lancement de cette nouvelle campagne de sensibilisation au dépistage de l’infection VIH intervient alors que l’Institut national de veille sanitaire (InVS) publie, dans son dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) exclusivement consacré au sida, les dernières données en matière d’infection VIH. En 2009, 6 700 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH, un nombre en légère augmentation par rapport à 2008. Cette progression est le fait exclusif de la tendance observée chez les homosexuels, et particulièrement chez ceux de moins de 25 ans, observent avec inquiétude les auteurs. Les deux tiers des personnes ayant découvert leur séropositivité au VIH en 2009 étaient des hommes, et la moyenne d’âge était de 38,2 ans. Minoritaires par rapport à la tranche d’âge 25-49 ans, qui représente les ¾ des cas, les plus de 50 ans sont toutefois de plus en plus nombreux dans cette situation (la proportion est passée de 13 à 17 % entre 2003 et 2009). La proportion des moins de 25 ans reste quant à elle stable, atteignant 10 %. Les rapports hétérosexuels arrivent en tête des modes de contamination (60 %), devant les rapports homosexuels (37 %) et l’usage de drogues injectables (1 %). Augmentation inquiétante de l’incidence de l’infection au VIH chez les homosexuels Chez les hommes contaminés par rapports homosexuels, la proportion des jeunes de moins de 25 ans a augmenté de 8 à 11 % entre 2003 et 2009, rapportent les auteurs du BEH. Cette augmentation va de pair avec celle, plus globale, observée chez les homosexuels, qui augmente significativement en 2009 après deux années stables, pour atteindre 2 500 nouveaux cas. La majorité des hommes contaminés lors d’un rapport homosexuel l’ont été avec un partenaire occasionnel (28 %), mais dans un cas sur cinq il s’agissait d’un partenaire stable dont la séropositivité VIH était connue par un tiers des patients au moment de la contamination. S’agissant des femmes hétérosexuelles, 42 % l’ont été par un partenaire stable dont elles connaissaient la séropositivité dans 6 % des cas. Inversement, la majorité des hommes hétérosexuels ont été contaminés lors de relations avec des partenaires occasionnelles. Dans 20 % des cas, ils ont contracté le VIH auprès de partenaires stables, dont ils étaient 13 % à connaître la séropositivité. 14 % des dépistages réalisés au stade sida Les auteurs de l’enquête se sont par ailleurs intéressés aux motifs de dépistage. Ceux-ci différent selon le mode de contamination, indiquent-ils, les homosexuels procédant davantage à un dépistage suite à une exposition récente au VIH (35 % contre 18 % des hétérosexuels), tandis que les hétérosexuels sont plus souvent dépistés à l’occasion d’un bilan systématique (27 % contre 9 % des homosexuels). La grande majorité des patients ont été dépistés à un stade asymptomatique, mais 12 % l’ont été à un stade symptomatique (pneumocystose pour 32 % des patients, tuberculose pour 18 %, toxoplasmose cérébrale pour 12 %) et 14 % au stade sida (21 % des hommes hétérosexuels). Après avoir baissé entre 2003 et 2008, cette forte proportion de dépistages tardifs stagne, rapportent les auteurs. D’ailleurs, la baisse du nombre de cas de sida, qui avait été très marquée entre 1996 et 1998, ralentit. Au 31 décembre 2009, on comptait 35 800 personnes vivant avec un sida, sur les 83 000 touchées depuis le début de l’épidémie. La majorité des nouveaux cas de sida diagnostiqués en 2009 faisaient suite à des contaminations par rapports hétérosexuels (32 %). La répartition géographique montre une forte concentration des cas d’infections VIH et des cas de sida en Île-de-France ainsi qu’en Outre-mer. Pour les auteurs, “il est indispensable d’intensifier le dépistage et en particulier, de renforcer le dépistage précoce, après prise de risque, afin de réduire le risque de contamination très élevé en phase de primo-infection“. Amélie Pelletier Sources Surveillance de l’infection à VIH-sida en France, 2009 – BEH 45-46 / 30 novembre 2010 (
téléchargeable en ligne). Dossier de presse du ministère de la Santé – Présentation de la campagne de lutte contre le sida 1er décembre.