Pour un nouveau regard sur les cancers

Traduisant les nouveaux objectifs du Plan Cancer, une nouvelle campagne souhaite changer le regard de la société sur les cancers. Aujourd’hui, alors qu’on guérit un cancer sur deux, la prise en charge doit davantage s’attacher aux effets de la maladie sur la qualité de vie du patient et de son entourage. Elle doit aussi préparer l’après-cancer.

Dans le prolongement de la campagne “Nous sommes 2 millions de héros ordinaires“ menée en 2007, l’institut national du cancer souhaite changer le regard de la société sur les cancers à travers une nouvelle campagne. Perrine, Anne, Michel, Vanessa, Christophe nous livrent des témoignages émouvants qui permettent de lutter contre des idées reçues.
Les témoignages vrais de 9 héros ordinaires
Malgré les progrès accomplis ces dernières années notamment en matière de traitement, la perception du cancer est encore souvent liée à un sentiment de fatalité et de mort annoncée. L’objectif de cette nouvelle campagne (1) est de donner à voir une réalité plus juste de cette maladie complexe, douloureuse mais porteuse d’espoir, une réalité dans laquelle l’après-maladie occupe aujourd’hui une place centrale.
Afin d’incarner la vie pendant et après la maladie, neuf “héros ordinaires“ évoquent le cancer dans son rapport au temps, l’après cancer, mais également le rôle fondamental de l’entourage et de la vie sociale. Ces films seront ainsi diffusés tous les week-ends, pendant six semaines, sur les chaînes hertziennes. En plus de ces spots, le site de l’INCa (http://www.e-cancer.fr/) consacre un espace “Cancers, il y a des moyens d’agir“ destiné au grand public.
Une perception déformée du cancer
Le cancer occupe une place particulière aux yeux de la population : il demeure encore aujourd’hui perçu comme la maladie grave par excellence. En effet, selon la dernière édition du baromètre cancer de l’INPES (2), 92,3 % des Français citent spontanément le cancer parmi les trois maladies qu’ils jugent les plus graves, loin devant le sida (65,2 %) et les maladies cardio-vasculaires (30,1 %). Au regard des progrès thérapeutiques accomplis ces dernières décennies, l’association exclusive avec la mort est en cependant train de se distendre.
Les différentes études réalisées depuis 2005 montrent qu’une très forte majorité de personnes interrogées (près de 9 sur 10) approuvent l’idée qu’“aujourd’hui on sait guérir de nombreux cancers“ ou que “les cancers se soignent de mieux en mieux“, à l’encontre du caractère incurable qui était souvent, il y a peu encore, attribué à cette maladie. Par comparaison, une enquête réalisée en 1998 par Ipsos pour la Ligue contre le cancer (3) montrait que près de la moitié des répondants (47 %) considéraient alors le cancer comme incurable.
Travail, finances, vie privée… Les autres méfaits du cancer
La baisse de la mortalité, principal objectif des précédents Plans cancer, permet de constater un nombre croissant de personnes ayant rencontré le cancer. Aujourd’hui, il est nécessaire de se mobiliser pour leur permettre de reprendre leur place dans la vie sociale et professionnelle.
Plus de 60 % des cancers sont curables et pour certaines localisations (thyroïde, testicule, sein, certains cancers cutanés, leucémies de l’enfant notamment), ce taux est encore très supérieur. Anticiper la vie après le cancer dès les premiers temps de la maladie et repérer les éventuelles difficultés médicales, sociales et professionnelles auxquelles le patient pourra être confronté pendant le traitement et après, constituent des attentes fortes des patients. La recherche de solutions adaptées à chaque personne, la lutte contre toute forme d’exclusion sont également des axes prioritaires.
La reprise du travail constitue pourtant un élément important de la qualité de vie. Une étude soutenue par l’INCa et l’ARC (4) montre que 20 % des salariés ayant repris leur emploi après un cancer disent avoir été pénalisés dans leur activité professionnelle, notamment par une diminution des responsabilités, le sentiment de devoir faire ses preuves. Les répercussions du cancer sur le plan financier sont elles aussi réelles. En effet, selon l’enquête de la DREES (5), un patient sur quatre (26 %) constate que deux ans après le diagnostic, les ressources de son ménage ont diminué de 230 à 800 euros par mois. Des difficultés financières accrues en cas d’emprunt contracté avant la maladie : plus de quatre emprunteurs sur dix éprouvent des difficultés pour rembourser. Côté vie privée, la survenue d’un cancer préserve, si ce n’est renforce, le couple. L’enquête montre que deux ans après le diagnostic, 75,5 % des personnes vivent toujours en couple avec le même conjoint. Parmi elles, 37 % estiment même que le cancer a renforcé leur couple (5).
Vie après le cancer : les objectifs du plan cancer II
Lors de la présentation du nouveau Plan Cancer, le Président l’a annoncé “Il faut mieux préparer la vie après le cancer. 50 % des cancers sont suivis d’une guérison. Nous devons développer une vision décomplexée du cancer. Je souhaite que 50 % des patients puissent bénéficier d’un programme personnalisé“ (6). Pour cela, plusieurs améliorations sont nécessaires.
Le Plan cancer II prévoit :Une meilleure coordination des acteurs
L’accompagnement social tout au long de leur parcours de soins, dès l’annonce de la maladie, pendant le cancer et dans la vie après le cancer doit être amélioré. Il est important de prévoir une coordination de tous les acteurs du secteur sanitaire : médecin traitant, secteur médico-social, secteur social… L’objectif est de permettre à la personne et à son entourage d’être dans la meilleure situation possible à tout moment de l’évolution de la maladie.
Une amélioration du dispositif d’accompagnement social
Une réflexion doit être menée sur les moyens de garantir un retour à la vie normale, plus particulièrement sur les modalités de sortie d’Affection longue durée (ALD) pour les patients guéris. Cela implique une levée des difficultés d’accès aux assurances, au crédit (renouvellement de la convention AERAS) et à l’emploi, le développement des hébergements et appartements thérapeutiques pour favoriser le retour à la vie sociale normale. De même, le Plan cancer prévoit d’expérimenter l’accompagnement par les Maisons départementales des personnes se retrouvant en situation de handicap.
Une action pour favoriser la réinsertion professionnelle
Le nouveau plan doit lever des obstacles à la réinsertion professionnelle des personnes en phase de rémission ou de guérison, notamment par une information spécifique sur les possibilités offertes par la loi pour une insertion ou une réinsertion professionnelle, ou encore en donnant aux personnes atteintes de cancer la possibilité de bénéficier des contrats aidés dans le cadre de l’extension du RSA. La médecine du travail sera également mobilisée.
Luc Blanchot
1 – Dossier de presse « Pour un nouveau regard sur les cancers“ – Campagne 2009 – Institut national du cancer2 – Baromètre cancer 2005 INPES, enquête réalisée auprès de 4046 personnes âgées de 16 ans et plus, recueil des données par téléphone du 26 avril 2005 au 15 juin 20053 – Enquête Ipsos pour la Ligue nationale contre le cancer sur l’image sociale du cancer, 23 mars 1998.4 – “Répercussions du cancer sur la vie professionnelle de 400 salariés d’Ile-de-France“. Service d’épidémiologie de l’Institut Curie, Société de médecine du travail Ouest-Ile-de-France. Enquête réalisée par questionnaire d’octobre 2007 à mars 2008.5 -La vie deux ans après le diagnostic de cancer. Une enquête en 2004 sur les conditions de vie des malades. DREES-INSERM. La documentation française, 20086 – Elysee.fr – 2 novembre 2009Click Here: cheap all stars rugby jersey