Cancer : les Français minimisent leur propre risque

Nouvel indicateur de l’observation des comportements, attitudes, connaissances et opinions des Français en matière de santé, le Baromètre cancer a été présenté à la presse en présence de Philippe Lamoureux, Directeur de l’Inpes, Yolande Obadia, directrice de l’observatoire régional de la santé PACA et du Pr. Dominique Maraninchi, récent président de l’Institut national du Cancer. Pour la première fois, plus de 4 000 Français âgés de 16 ans et plus ont été interrogés sur leur perception du cancer.
Cette enquête nous enseigne qu’en dépit des progrès préventifs et curatifs, le cancer reste la maladie qui fait peur : 92,3 % des Français le mentionnent parmi les trois maladies qu’ils jugent la plus grave, devant le sida (65,2 %) et les maladies cardiovasculaires. Nos compatriotes jugent le monde potentiellement chargé de facteurs cancérigènes, attribuant parfois à des facteurs improbables un possible caractère cancérigène. Pour près de 90 % des Français, de nombreux cancers sont guérissables et la douleur des malades est mieux prise en charge. Mais cette perception des progrès de la médecine s’accompagne d’une demande forte de prise en compte de la dimension humaine dans le traitement. Près de 60 % des Français estiment que les médecins s’intéressent plus à la maladie qu’au malade. « Ces résultats soulignent la nécessité de mieux lutter contre ces incompréhensions médecins-patients » souligne le Pr. Maraninchi. C’est la même proportion qui pense que l’on est aussi bien soigné dans un hôpital public que dans une clinique privée, mais 45,8 % estiment qu’on est mieux soigné quand on a plus d’argent. Ce sentiment d’inégalité sociale dans le traitement de la maladie est particulièrement ressenti chez les personnes à bas niveau de revenus. « Ce sont également ces catégories qui tardent le plus à consulter en cas de signe d’alerte, qui peinent le plus à arrêter de fumer… » commente Mme Yolande Obadia.
Concernant les facteurs de risques liés à la consommation de tabac ou d’alcool, le déni du risque est davantage un déni de son propre risque et non du risque en général. Le consommateur à risque a tendance à relativiser, à minimiser son propre risque et à adopter en quelque sorte une stratégie de défense qui peut du même coup contrecarrer les messages de prévention. « Les fumeurs et les buveurs réguliers d’alcool mettent en place des stratégies de mise à distance de leur propre risque en relativisant leur propre consommation. C’est cette même stratégie d’évitement que nous avons combattu lors de notre dernière campagne d’information sur les dangers de l’alcool » précise Philippe Lamoureux.
Ces résultats devraient fournir aux autorités sanitaires une meilleure perception des modes de vie de nos contemporains. A ce titre, le Baromètre cancer participe à l’évaluation et à l’orientation des politiques publiques de prévention et d’éducation pour la santé.Source : Conférence de presse de l’INPES-InCa du 11 décembre 2006