Selon les résultats de l’étude Pesti’home, menée par l’ANSES afin de déterminer le niveau d’utilisation de pesticides par les ménages, 75% des français ont utilisé au moins un pesticide durant les 12 derniers mois.
Sommaire
- Les insecticides, utilisés par 75% des français
- Bien lire et respecter les précautions d’usage
- Une attention particulière pour les femmes enceintes et jeunes enfants
L’étude Pesti-home, mise en place par l’ANSES en 2014, a pour objectif de déterminer les « pratiques et usages des pesticides des français à leur domicile » afin de mieux évaluer les expositions des populations aux pesticides.1507 ménages ont été interviewés et plus de 5400 produits identifiés (produits utilisés pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles comme certains champignons, insectes, acariens, rongeurs, mauvaises herbes …) dans le cadre de cette étude d’envergure nationale.Les insecticides, utilisés par 75% des françaisEn pleine polémique sur la distance minimale entre habitations et zones d’épandage des produits phytosanitaires chimiques, l’Anses attire l’attention sur une autre source potentielle d’exposition à ces produits potentiellement toxiques : la maison. Et cette utilisation “généralisée” est loin de concerner uniquement le soin des plantes.Ainsi, 61% des détenteurs d’animaux domestiques (qui représentent près de la moitié de l’échantillon) traitent leur chat, leur chien ou leur lapin contre les puces et les tiques.D’autre part, 40% des ménages ont recours à des biocides contre les insectes volants et 28% contre les insectes rampants, 9% des produits contre les rongeurs, 7% contre les poux humains, 4% contre les acariens. Ces produits se retrouvent également sur la peau de 12% des ménages qui utilisent des produits anti-moustiques au moins 6 fois par an pour la moitié d’entre eux, et jusqu’à 25 fois pour ¼ des ménages.Les produits phytopharmaceutiques chimiques sont également en cause : 20% des détenteurs d’un espace extérieur (jardin, terrasse) font par exemple appel à des produits contre les maladies des plantes.Pour les usages liés au jardinage, les utilisateurs sont généralement plus prudents et affirment lire les notices et tenter de les respecter.”70% des personnes qui ont des produits pour le jardin déclarent suivre les précautions d’emploi. Ils sont plus au courant pour les pesticides utilisés au jardin, parce qu’on en parle beaucoup dans le débat public“, a expliqué Jean-Luc Volatier, adjoint à l’évaluation des risques à l’Anses à l’AFP. Rappelons que la moitié des utilisateurs d’herbicides et de fongicides les utilisent au moins 2 fois par an.Bien lire et respecter les précautions d’usageConcernant l’usage des produits anti-poux, les français sont de bons élèves puisque 70% d’entre-eux déclarent prendre leurs précautions et respecter les conseils d’usage. En revanche, seulement un peu plus d’un tiers des particuliers respectent les règles de prudence avec les produits contre les insectes volants.Pourtant, “ce sont les mêmes molécules“, insiste Jean-Luc Volatier. “Par exemple, les pyréthrinoïdes, qui sont les plus utilisés, peuvent être utilisés contre les cafards ou les fourmis, mais aussi dans le jardin ou pour protéger les animaux domestiques contre les puces“. Selon l’ANSES, les Français ne se renseignent pas suffisamment sur les précautions d’emplois et ne les mettent donc pas en oeuvre. “On n’y pense pas toujours mais c’est important parce que ce ne sont pas des produits anodins“, martèle l’expert.Ces précautions parfois “écrites en lettres un petit peu petites sur les emballages” sont différentes d’un produit à l’autre. Mais d’une façon générale, il est recommandé de : se laver les mains après utilisation, porter des gants voire un masque de protection, sortir de la pièce après pulvérisation… Une attention particulière pour les femmes enceintes et jeunes enfantsLa vigilance est encore plus nécessaire pour les femmes enceintes ou les enfants qui par exemple ne doivent pas dormir avec leur chat ou leur chien tout juste traité avec une pipette antiparasite.Le responsable de l’Anses renvoie d’ailleurs pour ces personnes vulnérables sur le site
agir-pour-bébé.fr qui donne quelques clés notamment
pour rendre son logement plus sain.Autre problème révélé par l’enquête, un quart des ménages avaient sur leurs étagères des pesticides achetés parfois longtemps auparavant mais ensuite interdits.Et il est possible que cette proportion soit aujourd’hui encore plus élevée, l’étude ayant été réalisée en 2014 : les produits phytosanitaires chimiques utilisés en jardinage sont en effet totalement bannis pour les particuliers depuis le 1er janvier 2019 Cela pose de façon encore plus aiguë un autre problème soulevé par Pesti’Home: 60% des Français jettent à la poubelle les produits non utilisés ou périmés qui devraient être apportés en déchèterie. L’Agence rappelle donc « qu’il est recommandé de ne pas les jeter à la poubelle ni les vider dans l’évier mais de les déposer à la déchetterie ou à l’endroit prévu par la mairie, la communauté de communes ou d’agglomération. »”Jeter ces produits à la poubelle ou dans l’évier peut poser problème d’un point de vue environnemental et sanitaire“, souligne Jean-Luc Volatier.Au-delà des recommandations d’utilisation et d’élimination de ces produits, cette photographie, une “première” au niveau international, permettra d’orienter la surveillance de la qualité de l’air intérieur vers certaines des molécules identifiées. L’étude Pesti’home a été étendue à l’outremer, les résultats seront publiés en 2020.