"Seul contre tous", quand les footballeurs américains abîment leur cerveau

Le film “Seul contre tous“ sort aujourd’hui dans les salles. L’occasion de revenir sur une pathologie lourde de conséquences pour les athlètes qui pratiquent un sport violent : l’encéphalopathie traumatique chronique.

Le Docteur Bennet Omalu à l'avant-première new-yorkaise du film “Seul contre tous“.

“Seul contre tous“, le pitch“Seul contre tous“ (“concussion“ en anglais) raconte l’histoire vraie du docteur Benett Omalu (interprété par Will Smith), premier médecin à avoir diagnostiqué l’

encéphalopathie traumatique chronique, une pathologie déclenchée par la multiplication de commotions cérébrales chez les footballeurs américains, responsable de maladies neurodégénératives.Le film, réalisé par Peter Landesman, retrace le combat de ce médecin légiste et neuropathologiste contre la NFL (Ligue Nationale de Football américain), véritable institution aux États-Unis, pour faire reconnaître cette maladie et mieux protéger les joueurs. 

Les conséquences des commotions à répétitionCette pathologie résulte de coups et de chocs répétés sur le cerveau qui, au fil des années, entraînent des maladies neurodégénératives comme les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, la dépression ou des troubles cognitifs.

Après le football américain, le rugby ?L’exemple du football américain a fait prendre conscience au milieu du rugby qu’il fallait agir pour protéger ses joueurs, eux aussi fortement exposés aux chocs à cause des plaquages et autres percussions.Ainsi, la fédération internationale de rugby (World Rugby), la Fédération française de Rugby (FFR), et la Ligue Nationale de Rugby (LNR) ont travaillé ensemble pour mettre en place le “

protocole commotion cérébrale“. En France, un comité d’experts indépendants, dirigé par le Pr Deck, chef du service de neurochirurgie à l’hôpital Beaujon – Clichy, a récemment publié une

étude sur les conséquences à long terme des commotions cérébrales provoquées par le sport chez les anciens sportifs de haut niveau.Interrogé par

Le Figaro, le Pr Deck, explique que l’étude “n’est pas alarmante. Elle n’établit pas de lien entre les troubles détectés et l’encéphalopathie chronique post traumatique. Mais l’étude possède quelques biais. D’une part, le recrutement est limité. Par ailleurs, sur près de 1500 anciens joueurs de rugby seulement 239 ont répondu, c’est qu’ils sont encore sociabilisés et plutôt fiers de leur passé sportif, ils ne sont pas perdus dans la nature“.

En Angleterre, près de 70 médecins et experts médicaux ont récemment envoyé une lettre ouverte au gouvernement, afin d’

interdire les plaquages lors des matches de rugby dans les écoles pour prévenir tout risque pour la santé. La réponse de World Rugby ne s’est alors pas faite attendre, comme le révèle le site 

rugbynistere.fr : “A World Rugby, notre priorité numéro un est le bien-être et la santé des joueurs, ce qui implique entre autres les blessures à la tête. En tant qu’instance de gouvernance internationale, notre responsabilité est de réduire au maximum le risque dans notre sport. Nous sommes déterminés à faire du rugby un sport aussi sûr et agréable que possible pour toutes les tranches d’âge en respectant une préparation correcte et de bonnes pratiques de jeu, ainsi qu’en multipliant des campagnes de prévention sur les risques associés à l’un des sports les plus en vogue dans le monde aujourd’hui“.Outre le football américain et le rugby, d’autres sports violents comme le catch ou la boxe peuvent eux aussi être responsables de

troubles neurologiques graves.Aurélie Sogny
Sources :
1 –

“Commotion cérébrale : ces sports qui s’inquiètent pour leurs vétérans“, lefigaro.fr, 8 mars 2016.
2 –

“Long-term consequences of of recurrent sports cocussion“, Pr Philippe Deck et al., février 2016 (extrait disponible en ligne).
3 –

Protocole de commotion cérébrale, ffr.fr