Même s’il a eu une vie riche et bien remplie, Jacques Chirac a gardé toute sa vie une blessure intime qui ne s’est jamais refermée : l’anorexie mentale dont souffrait sa fille, décédée en 2016 à l’âge de 58 ans. Cette maladie qui a bouleversé toute la famille Chirac trouverait ses origines lors de vacances à Porto-Vecchio à l’été 73.
Après l’hommage national qui lui sera rendu ce lundi à l’Eglise Saint-Sulpice en présence de quatre-vingt dirigeants étrangers, Jacques Chirac sera inhumé au cimetière Montparnasse, dans la plus stricte intimité. Il y rejoindra sa fille Laurence qui y repose depuis son décès en avril 2016. Après le combat de toute une vie contre l’anorxie mentale, elle a fini par succomber suite à un arrêt cardiaque, à l’âge de 58 ans. La mort mais aussi la vie de Laurence sont et resteront le grand drame de la famille Chirac.
Jeune femme fragile, en proie à une constante dépression, Laurence Chirac a tenté, à plusieurs reprises, de mettre fin à ses jours. Bernadette et Jacques Chirac ont tenté tout ce qu’ils pouvaient pour sauver leur fille du mal qui la rongeait. Si beaucoup ont imputé ce mal-être aux absences répétées de Jacques Chirac, homme politique impénitent qui a toutours privilégié sa carrière à sa vie de famille, l’origine de ce mal serait tout autre. Dans son livre Bernadette Chirac, les secrets d’une conquête, Erwan L’Eléouet évoque notamment un incident survenu à l’été 73. Laurence avait alors 15 ans. Elle était brillante, insouciante et sportive. Elle passait ses vacances avec sa mère, sa soeur et sa grand-mère à Porto-Vecchio. Au cours du séjour, elle participe à une frégate organisée par le club nautique de la ville. Mais au retour de la première manche, à l’heure du déjeuner, la jeune femme se plaint d’un mal de crâne. De retour à l’hôtel, Laurence se couche avec 40°C de février. Un premier médecin évoque une lombalgie, un deuxième pense à une poliomiyélite, un troisième parvient enfin à mettre le doigt dessus. Laurence est atteinte d’une méningite.
Un mal-être irrémédiable
Alerté par son épouse, Jacques Chirac, alors ministre de l’Agriculture, affrête un avion sanitaire et vient lui-même la chercher. Hospitalisée à la Pitié Salpêtrière à Paris, elle subit alors une ponction lombaire. “Il semble qu’il ait eu un accident pendant cet examen. Elle a hurlé pendant de longues minutes. Affolement général, cavalcades d’infirmières. Elle a souffert le martyre. Cela n’aurait jamais dû se produire. A l’hôpital, je couchais par terre à côté d’elle. C’était mon enfant, elle avait mal. Et c’est le départ de tout. A la suite de cette méningite, elle a commencé une anorexie mentale très grave,” raconte Bernadette Chirac dans son autobiographie Conversation.
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Mais, comme le raconte Candice Nedelec dans Bernadette et Jacques, certains dommages seront irréparables. Son hypophyse est atteint. A la suite de cette méningite, la jeune adolescente va alors développer une forme sévère d’anorexie mentale. Jacques et Bernadette Chirac vont remuer ciel et terre, consulter les meilleurs spécialistes sur le sujet, et tenter d’enrayer la dépression dans laquelle s’enfonce peu à peu leur fille. A la douleur de la maladie, s’ajoute le poids de la culpabilité pour Jacques Chirac qui se sait souvent absent. Pour essayer de contenir ce mal, Jacques Chirac tentera d’adapter son emploi du temps au mieux, pour être présent auprès de sa fille. Mais rien n’y a fait, Laurence Chirac s’est finalement éteinte trois ans tout juste avant son père.
Crédits photos : DANIEL GIRY / BESTIMAGE