13 Novembre – Fluctuat Nec Mergitur : trois pièges que le documentaire Netflix sur les attentats parisiens a su déjouer

Disponible depuis le 1er juin sur Netflix, le documentaire en trois parties “13 Novembre : Fluctuat Nec Mergitur” nous offre un récit sincère et touchant des attentats de 2015, raconté par ceux qui l’ont vécus, sans tomber dans divers pièges.

1) Une réalisation dénuée de tout sensationnalisme

Des frères Naudet, on connaît surtout leur documentaire poignant sur les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Une plongée dans l’horreur et le chaos, que les réalisateurs ont pu filmer parce qu’il faisait ce jour-là un reportage sur les pompiers new-yorkais. Se retrouvant bien malgré eux au cœur de l’action, ils ont fait le choix ce jour-là de ne pas filmer l’horreur et de se concentrer sur les héros du jour. Avec 13 Novembre – Fluctuat Nec Mergitur, leur souhait était le même. Au cours des trois parties, vous ne verrez que très peu d’images des attentats en eux-mêmes. La caméra est là pour filmer les survivants, les pompiers, et les personnalités politiques qui ont vécu cette terrible soirée, afin qu’ils nous donnent leur point de vue. Des témoignages sincères, intimes parfois et dénués de tout sensationnalisme qui ne vont jamais dans la surenchère émotionnelle. Pour permettre aux participants de se sentir à l’aise, les frères Naudet ont mis en place un dispositif spécial en posant une caméra derrière une plaque en verre, face aux témoins et en se plaçant eux-même derrière un rideau. De cette manière, le participant s’adressent directement à la caméra, et donc directement à nous.

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2) En dépit du sujet, un documentaire foncièrement positif

Avec 13 novembre, les frères Naudet ne souhaitaient pas faire un documentaire polémique. Ils remettent l’humain au centre du récit en accordant une place importante à la parole. A aucun moment dans les trois épisodes, vous n’entendrez des mots comme “religion”, “islam”, ou “extrémiste” puisque leur seul souhait était de montrer comment l’être humain réagit dans ce genre de situation : “Il n’y a aucun message de haine et de colère. C’est une histoire de bravoure, de courage et d’amour” nous ont-il déclaré lors de notre rencontre en avril dernier. Si certains passages sont poignants, les témoins – et notamment les survivants du Bataclan – nous transmettent un message positif, une hymne à la vie. Et on peut étrangement passer des rires aux larmes… C’est d’ailleurs sur cette même note que s’achève le troisième épisode.

3) Pas une enquête journalistique mais une thérapie collective

La première chose que l’on a fait c’est rencontrer des gens du gouvernement pour demander des autorisations avant de rencontrer des pompiers, des gens de la BRI. On est allés se présenter à toutes les associations de victimes, pour leur raconter notre regard, par rapport à ce qu’on avait nous aussi vécu [lors des attentats du 11 septembre – ndlr], et ce que l’on souhaitait faire. Et ensuite ça a été une série de rencontres. Une grande confiance doit s’instaurer. On les a donc rencontrés plusieurs fois“. Six à 8 mois de travail ont été nécessaires à Gédéon et Jules pour trouver leurs témoins. Les frères Naudet ont aussi pu avoir accès à l’ancien président de la République François Hollande, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve ou encore la maire de Paris Anne Hidalgo. En tout, plus d’une quarantaine de témoignages se succèdent. Le documentaire nous retrace la soirée du 13 novembre, quasi minute par minute, lieu par lieu, et s’efforce de nous faire revivre les événements sans trop utiliser d’images d’archives. Sa diffusion sur une plateforme de streaming a permis aux deux réalisateurs français de ne pas se limiter en terme de temps – ce qui explique le format en 3×55 minutes. Le spectateur quant à lui peut y avoir accès quand il veut et le consommer comme il le souhaite…