Journaliste au sein du groupe Eleven Media, a été condamnée le 17 décembre 2013 à trois mois de prison, pour “violation de propriété”, “diffamation” et “utilisation de language abusif”, alors qu’elle effectuait un reportage.
Reporters sans frontières, indignée par cette condamnation, apporte tout son soutien à Ma Khine, ainsi qu’aux employés d’Eleven Media. “Cette condamnation intervient deux semaines après que Eleven Media a publié un article intitulé “quand les sacs d’argent prennent la place des juges” qui dénonçait la corruption endémique au sein de l’appareil judiciaire. Nous demandons à la Cour de Loikaw de reconsidérer les faits et de prendre une décision respectueuse du droit des journalistes, lors du procès en appel qui se tiendra ultérieurement. La couverture médiatique d’un magazine ne doit pas faire courir un risque de poursuites judiciaires, et dans le cas présent, de condamnation pour ses journalistes. Il en va de la liberté de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières.
Les faits reprochés à Ma Khine remontent au 27 octobre dernier, lorsqu’elle menait une enquête sur la location illégale de films. Elle s’est rendue avec Than Zaw Win, propriétaire d’une boutique de location, et condamné à une amende de 100 000 Ks pour son implication dans le trafic, chez l’avocate Daw Aye Aye Phyo. Si cette dernière a consenti à répondre aux questions de la journaliste, elle a demandé à ses hôtes de quitter son domicile après que Ma Khine lui a demandé combien étaient facturés ses honoraires, et a appelé son père, président de la NLD (The National League for Democracy) dans le district de Loikaw. Selon l’avocate, Ma Khine est entrée de force chez elle, et a quitté les lieux en proférant des insultes, alors que la journaliste affirme être partie sous la menace.
Suite au jugement, Eleven Media a rédigé un communiqué, et une lettre de réclamation adressée au Président, au ministre de la Justice, et au Parlement, en demandant que si elles existaient, des preuves de corruption et de jugement biaisé soient démontrées. Les Nations Unies, comme les ambassades et les associations de défense du droit à l’information ont également été alertées.
Selon le groupe Eleven Media, cette condamnation représente un déni de justice, une menace directe pour les journalistes et une atteinte à la liberté de l’information. De plus, elle est en contradiction avec l’article 354 de la Constitution qui garantit à tout citoyen la libre expression de ses opinions. Le groupe a défendu Ma Khine en soulignant qu’elle n’était entrée au domicile de la plaignante qu’une fois autorisée par cette dernière, et en se présentant clairement comme journaliste. Aussi, elle a quitté les lieux lorsqu’il lui a été demandé de le faire.
Le groupe a annoncé qu’il engagerait des poursuites à l’encontre de tout individu portant atteinte à l’intégrité du média et de ses journalistes.
En 2013, la Birmanie a gagné 18 places au classement de la liberté de la presse, et se positionne au 151ème rang sur 179.
Credit photo: Eleven