Reporters sans frontières s’insurge devant l’extrême violence avec laquelle certains groupes armés agissent contre les professionnels des médias libyens et dénonce fermement la tentative d’assassinat de la journaliste , le 12 août dernier à Benghazi.
Khadija El-Emaime est la directrice du bureau de la chaîne satellitaire Libya Al-Ahrar à Benghazi ainsi que journaliste pour Libya Al-Mustaqbal, un journal en ligne populaire. Avant de devenir la cible directe de tirs armés, elle avait déjà reçu plusieurs messages d’intimidation -y compris des menaces de mort -, remettant en cause le contenu de certains de ses articles.
Lundi 12 août en fin de matinée, une voiture s’est approchée de Khadija El-Emaime alors qu’elle venait de sortir de son véhicule et des hommes armés ont tiré à bout portant dans sa direction. La journaliste a heureusement été épargnée. Mais peu de temps après, elle a reçu un message lui disant que la “prochaine fois les balles seraient réelles, et qu’elle devait s’y attendre très bientôt”.
Ce grave acte criminel surgit quelques jours seulement après l’assassinat du journaliste à Benghazi, et témoigne des difficiles et dangereuses conditions de travail pour les professionnels des médias libyens, qui se trouvent confrontés à une recrudescence des violences, particulièrement préoccupante.
Reporters sans frontières rappelle aux autorités libyennes la nécessité impérative d’enquêter immédiatement sur ces actes criminels intolérables afin d’en élucider les raisons et les auteurs ainsi qu’en vue de mettre un terme à ce cycle de violence le plus rapidement possible.
La sécurité des journalistes doit être impérieusement garantie au sein du nouvel Etat libyen, sans quoi les médias se trouvent dans l’impossibilité d’exercer leurs activités librement sans recourir à une autocensure ou une protection particulière. Des dispositions législatives et judiciaires doivent être urgemment adoptées afin d’éviter la prévalence de l’impunité sur l’Etat de droit ainsi qu’afin de garantir que la liberté d’expression et d’information puissent être protégées et respectées, condition nécessaire à l’établissement d’une société démocratique en Libye.