Un journaliste tué et plusieurs autres blessés lors du “vendredi noir” en Libye

Reporters sans frontières condamne avec la plus grande fermeté les actes de violence mortels lors du “vendredi noir” à Tripoli. Ce vendredi 15 novembre, le photographe de l’agence de presse Fasatou a été tué et plusieurs de ses confrères blessés lors d’une manifestation pacifique devant le quartier général d’une milice originaire de Misrata dans le quartier de Gharghour au sud de la capitale libyenne. Les manifestants réclamaient la fin du règne des katiba. La milice aurait délibérément ouvert le feu sur la foule selon plusieurs agences de presse. Bilan : plus d’une quarantaine de personnes tuées et plusieurs centaines blessées.

Plusieurs journalistes comptent parmi les victimes de ces funestes événements. Outre la mort du photographe de Fasatou, on déplore les blessures des journalistes , employé d’une agence de presse espagnole, et , alors qu’ils tentaient de couvrir les évènements à Gharghour. Le directeur de la chaîne publique Al-Wataniya, a été arrêté par un groupe armé alors qu’il se trouvait à l’hôpital de Shari’ Zawiya pour venir en aide aux blessés, puis détenu pendant près de six heures dans l’ancien quartier général de la sécurité intérieure de Tripoli. Le siège de la chaîne de télévision Tubactus, situé dans le quartier de Gharghour a été pris d’assaut par des hommes armés et gravement endommagé, d’après son directeur général.

Près de trois ans après le début de la révolution libyenne du 17 Février, l’instabilité sécuritaire au sein de la nouvelle Libye “libre” n’a cessé de s’exacerber, pour l’ensemble de ses citoyens, y compris les professionnels des médias. Reporters sans frontières rappelle le rôle crucial que les journalistes jouent au sein de toute société démocratique et salue le courage dont ils font preuve pour couvrir les évènements qui se passent afin de rendre compte au public de la situation sur place. “Nous exhortons les autorités libyennes à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour cesser au plus vite ce cycle de violence qui prévaut en Libye et de faire en sorte que les professionnels des médias puissent exercer leur métier sans craindre d’être menacés, détenus, blessés ou d’y sacrifier leur vie” a exprimé le Secrétaire général de l’organisation, Christophe Deloire.

Conformément à l’article 14 de la Déclaration constitutionnelle rédigée par le Conseil national de transition le 8 août 2011, et comme Etat partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Libye est soumise à des obligations nationales et internationales en termes de liberté d’expression, d’association, de rassemblement et d’information qu’elle doit impérativement respecter. La nouvelle Libye ne doit pas passer outre ses engagements démocratiques et sa détermination à établir un Etat de droit où libertés fondamentales et droits de l’homme devraient prévaloir.

La Libye occupe en 2013 le 131è rang au sein du classement mondial de la liberté d’information de Reporters sans frontières.