Un journaliste libéré après 52 jours d’emprisonnement à Goma

Reporters sans frontières est profondément soulagée par la remise en liberté, le 6 juin 2013 à 15 heures, de , directeur de Radio Sauti ya Rutchuru, une station communautaire de la région du Nord-Kivu (Est). Le journaliste est cependant tenu de se présenter, chaque vendredi et lundi, à la police judiciaire de Goma pour prouver qu’il n’a pas l’intention de fuir la ville.

“Nous saluons la remise en liberté de Blaise Bahisha, mais nous rappelons que son arrestation était infondée et sa détention arbitraire et injuste. Sa liberté n’est que provisoire et nous restons inquiets pour sa sécurité à Goma. Nous demandons aux autorités du Nord-Kivu d’abandonner les charges retenues contre lui pour qu’il puisse quitter la ville”, a déclaré Reporters sans frontières.

Une ordonnance de mise en liberté provisoire a été signée le 5 juin 2013 par l’auditeur supérieur près la Cour militaire du Nord-Kivu. Le matériel de travail de journaliste – notamment ses deux ordinateurs, son téléphone et son disque dur externe – reste retenu par la police des renseignements.

Reporters sans frontières s’est entretenue avec Blaise Bahisha au lendemain de sa remise en liberté : “Je remercie du fond du cœur tous ceux qui ont lutté contre cette injustice, surtout les associations, ici en République démocratique du Congo et à l’international, qui ont pesé de tout leur poids pour que je sois libéré. Même si c’est provisoire, l’essentiel pour moi est de me sentir libre”, a-t-il témoigné. Le journaliste souhaiterait cependant pouvoir quitter Goma sans délai : “Je me sens en insécurité. Des agents infiltrés du M23 m’appellent au téléphone. Ils croient que c’est par moi que les informations sur ce qu’ils font subir aux journalistes ont transité avant d’être rendues publiques”, explique-t-il.

Arrêté le 17 avril dernier, Blaise Bahisha avait d’abord été retenu à l’auditorat militaire du Nord-Kivu avant d’être transféré à la prison centrale de Goma le 29 avril.

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Reporters sans frontières est très préoccupée par la détention, depuis plus d’une semaine, à Goma (capitale du Nord-Kivu, est de la RDC), de , directeur de Radio Sauti ya Rutchuru, une station communautaire basée à Rutchuru, à 70 kilomètres au nord de la ville.

Le journaliste a été arrêté par la police nationale congolaise le 17 avril 2013, puis remis quelques jours plus tard à l’auditorat militaire supérieur du Nord-Kivu. Il est accusé d’espionnage au profit des rebelles du M23 et de “participation à un mouvement insurrectionnel.”

“La détention du journaliste Blaise Bahisha doit uniquement à la paranoïa des forces de sécurité congolaises. Cet homme est innocent et n’a rien d’un espion à la solde des rebelles du M23. Au contraire, il a fui la ville de Rutchuru pour échapper à la pression que les rebelles faisaient peser sur lui et sa radio. Injustes et grotesques, son arrestation et les accusations portées contre lui ajoutent à la situation déjà difficile qu’il traverse. Nous demandons à l’auditorat militaire supérieur du Nord-Kivu de le relâcher sans délai”, a déclaré l’organisation.

Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières auprès de Journalistes en danger, son organisation partenaire en RDC, et de plusieurs sources locales, Blaise Bahisha s’est exilé à Goma, le 30 mars 2013, après avoir été menacé de mort par les membres du M23 dans la ville de Rutchuru. L’administrateur du territoire de Rutchuru, M. Benjamin M’Ponimpa, venait de le remplacer comme directeur de Radio Sauti ya Rutchuru en raison de sa réticence à diffuser la propagande anti-gouvernementale des rebelles.

Le 23 avril, Blaise Bahisha a été inculpé pour “espionnage et atteinte grave à la sécurité de l’Etat”. Les autorités lui reprochent d’être en possession d’un ordinateur volé par des rebelles du M23.

Il est demandé au journaliste de payer la somme de 1 000 dollars (800 euros).

Interrogé par Reporters sans frontières, l’auditeur militaire supérieur du Nord-Kivu a affirmé : “Si les faits qui lui sont reprochés ne sont pas établis, j’ordonnerai sa libération immédiate. S’ils le sont, nous plaiderons pour qu’il bénéficie d’une libération provisoire. Nous sommes en train de travailler sereinement sur son dossier, avec ses avocats. J’attends des instructions de Kinshasa. Je crois que avant samedi (le 27 avril) il pourra être relâché”.

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