Le documentariste indépendant américain , détenu pendant trois jours à la prison de Jinja road à Kampala, a été expulsé du pays dans la soirée du 26 juillet 2013 par les autorités ougandaises.
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Reporters sans frontières dénonce la détention par les autorités ougandaises, depuis le 23 juillet 2013, du documentariste indépendant . Effectuant les recherches pour un projet de documentaire sur l’opposition politique ougandaise, il a été séquestré par la police alors qu’il filmait la dispersion d’un rassemblement de l’opposition et l’arrestation de son leader, Warren Kizza Besigye Kifefe, dit Kizza Besigye. Il a ensuite été conduit au commissariat de Jinja Road à Kampala, où il reste détenu.
“L’enlèvement de Taylor Krauss alors qu’il prenait des images de la répression policière constitue une violation flagrante de la liberté de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières. “Nous demandons aux autorités la libération immédiate et sans conditions du documentariste et des explications sur les raisons de sa détention prolongée. Même s’il devait finalement être expulsé pour les raisons administratives, son maintien au secret ne saurait se justifier et s’apparente à une mesure de rétorsion”, a ajouté l’organisation.
Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, Taylor Krauss était dans le collimateur des autorités bien avant le 23 juillet 2013, en raison de sa proximité supposée avec l’opposant Kizza Besigye. D’après des témoins présents lors de son arrestation, Taylor Krauss filmait la dispersion violente par la police d’une foule rassemblée autour de Kizza Besigye à Kampala Road (centre-ville). L’un des officiers aurait été entendu dire à ses collègues : “Il faut qu’on s’occupe de lui”. Les forces de sécurité ont ensuite procédé à l’arrestation de Taylor Krauss ainsi que de Kizza Besigye. L’opposant politique a été libéré après huit heures d’interrogatoire au commissariat.
Le 25 juillet 2013, le ministère de l’Intérieur a ordonné l’expulsion du pays de Taylor Krauss, qui est en Ouganda depuis environ deux semaines. Selon le porte-parole du ministère, Benjamin Kagiremire, le cinéaste a violé les conditions de son visa touristique, qui lui interdirait de travailler sur le territoire ougandais : “Un ordre a été délivré pour que l’Américain soit expulsé du pays”.
Interrogée par Reporters sans frontières l’épouse du documentariste, Moriah Brier, a déclaré : “Taylor a voyagé partout en Afrique de l’Est pendant plusieurs années et il est passionné par la région. L’Ouganda l’intéresse tout particulièrement. Il n’a rien fait de mal. L’histoire officielle affirme qu’il sera expulsé, mais la réalité est qu’il est emprisonné. Tout ce que je veux est qu’il rentre sain et sauf”.
La détention du documentariste intervient alors que le général Aronda Nyakairima a pris ses fonctions, le 23 juillet 2013, à la tête du ministère de l’Intérieur. Selon le Réseau des droits de l’homme pour les journalistes – Ouganda (Human Rights Network for Journalists – Uganda), au cours de la cérémonie marquant son inauguration, le nouveau ministre a salué le travail de son prédécesseur qui a dirigé des actions répressives contre deux quotidiens privés, The Daily Monitor et Red Pepper, en mai 2013. Aronda Nyakairima a affirmé : Je m’assurerai qu’ils (les journaux) soient surveillés, car Red Pepper est en train de revenir à ses anciennes pratiques”.
L’Ouganda occupe la 104e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse dans le monde de 2013, établi par Reporters sans frontières.
Plus d’informations sur la liberté de l’information en Ouganda.
Photo : Taylor Krauss (Michael Loccisano / Getty Images North America / AFP).