A l’occasion de la première visite officielle de François Hollande en République populaire de Chine, qui se tiendra les 25 et 26 avril 2013, Reporters sans frontières appelle le président à aborder avec son homologue Xi Jinping la question des droits de l’homme et de la liberté de l’information. Sa venue marquera la première visite d’un chef d’Etat étranger depuis l’accession de Xi Jinping à la présidence de la République, le 14 mars 2013 .
“Si l’objectif premier de la rencontre entre François Hollande et Xi Jinping, rendu évident par la présence d’une délégation importante de dirigeants d’entreprises françaises, est d’ordre économique et commercial, il est essentiel que le président français respecte son engagement, annoncé par la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem, d’aborder avec son homologue chinois la question des droits de l’homme, et donc de la liberté de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Nous souhaitons que François Hollande aborde la question des 29 journalistes et 69 net-citoyens actuellement incarcérés pour avoir fait usage de leur droit d’informer. La Chine est aujourd’hui la plus grande prison du monde pour les acteurs de l’information. Nous espérons également qu’il soulèvera le sujet épineux de la censure et de la cyber surveillance, dont les conséquences économiques ne peuvent être sous-estimées, et qui sont aujourd’hui de plus en plus contestées en Chine, en témoignent les réactions à la censure des vœux du nouvel an du Nanfang Zhoumo”, a ajouté l’organisation.
La liberté de l’information subit en Chine de graves violations : censure, directives émanant du Bureau de la Propagande pour orienter la couverture médiatique, difficultés d’accréditation pour les journalistes étrangers, refus de visas, arrestations, harcèlement et violence physique sont monnaie courante.
Actuellement, en Chine, 29 journalistes et 69 cyber-citoyens sont incarcérés, parmi lesquels , prix Nobel de la Paix en 2010.
Le durcissement des régulations qui entravent le droit d’informer et le droit à l’information est une source majeure d’inquiétude, car il pourrait signifier une aggravation, à long terme, de la situation de la liberté de l’information en Chine. Le 16 avril 2013, l’organe chinois de réglementation des médias, l’Administration Générale de la Presse, Publication, Radio, Film et Télévision, a publié une nouvelle directive interdisant aux médias de publier des informations non-autorisées en provenance de médias ou de sites Internet étrangers. Les sites de micro-blogging, à l’instar de Sina Weibo, sont également particulièrement visés par la censure ; suite au récent tremblement de terre dans le Sichuan, de nombreux tweets critiques envers la gestion de l’assistance aux victimes ont été supprimés.
La censure – en ligne et hors ligne – ne viole pas seulement les droits fondamentaux. Elle fragilise aussi le commerce et les affaires, handicapés par le manque d’accès à une information fiable. Une tribune de deux experts du Centre européen pour l’économie politique internationale, publiée dans le journal américain Wall Street Journal, la qualifie de “protectionnisme déguisé”. La censure d’Internet en particulier est devenue une manière de discriminer les entreprises étrangères et d’accorder un traitement préférentiel aux entreprises chinoises. Neelie Kroes, la commissaire européenne chargée de la concurrence et du numérique, l’avait qualifiée, en mai 2010, de “barrière commerciale”. La question a été soulevée par le représentant des Etats-Unis à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en octobre 2011. Une série de 45 questions avait été posée en accord avec le règlement de l’OMC. La Chine n’y a pas répondu à ce jour, alors que le règlement l’y oblige.
La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, se classe au 173ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par l’organisation.
Lire le Rapport spécial surveillance 2013, “Les Ennemis d’Internet” – Chine
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