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Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, participera ce 13 décembre à une réunion du Conseil de Sécurité des Nations unies à New York sur le thème “Protéger les journalistes”. Au cours de ce panel co-présidé par les représentants permanents du Guatemala et de la France, Gert Rosenthal et Gérard Araud, Christophe Deloire présentera les recommandations de RSF pour améliorer le droit international et son application. Cette réunion en format Arria regroupe cinq autres participants : Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, Fatou Bensouda, procureure de la Cour pénale internationale, David Rohde, journaliste d’investigation chez Thomson Reuters, Frank La Rue, rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté et Anne-Marie Capomaccio, chef de Bureau de Radio France internationale à Washington.
“Le 23 décembre prochain, nous fêterons les sept ans de la résolution 1738. Depuis, plusieurs textes ont été adoptés pour améliorer la protection des journalistes. Un Plan d’Action des Nations unies était lancé en avril 2012 tandis que l’Assemblée générale adoptait par consensus une résolution sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité le 26 novembre 2013. Pourtant les chiffres démontrent que la sécurité des acteurs de l’information s’est dégradée. En 2012, 88 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, le pire bilan depuis le premier bilan annuel de Reporters sans frontières en 1995. RSF entend interpeller à nouveau les membres du Conseil de sécurité et, plus largement des Nations unies, sur les enjeux de la protection des journalistes et rappeler aux États les obligations qui leur incombent en matière de prévention des actes de violence et de lutte contre l’impunité de leurs auteurs”, a déclaré Christophe Deloire avant l’ouverture de la réunion.
Reporters sans frontières demande un durcissement de la lutte contre l’impunité : “Si la Résolution adoptée par l’Assemblée générale engage les États Membres des Nations unies “à veiller à ce que des enquêtes impartiales et efficaces soient menées” et “à traduire les coupables en justice”, il est essentiel que le Conseil de Sécurité lui-même se saisisse de la question”. Reporters sans frontières appelle également à ce que le bénéfice des dispositions évoquées dans les résolutions soit plus explicitement élargi à tous les “acteurs de l’information”, c’est à dire aux blogueurs et à tous les journalistes non-professionnels qui collectent et répandent les informations factuelles. L’organisation demande que soit amendé l’article 8 du Statut de la Cour pénale internationale relatif aux crimes de guerre, afin de qualifier expressément comme tel “le fait de lancer des attaques délibérées contre les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé.”
S’agissant des mesures opérationnelles pouvant être prises pour veiller à une meilleure application du droit international, Reporters sans frontières recommande la mise en place d’un groupe d’experts indépendants ou un groupe de suivi qui serait rattaché au Secrétariat général des Nations unies. L’obligation pour le Secrétaire général de consacrer une section de son rapport sur la protection des civils en période de conflits armés à la question de la sécurité des journalistes n’est pas suffisante pour assurer un véritable suivi des cas et lutter contre l’impunité. Ce groupe aurait notamment pour fonction de suivre le respect par les États-membres de leur engagement sur le traitement judiciaire impartial et efficace des violences contre les journalistes.
Enfin, il n’existe à ce jour aucun mécanisme adapté de protection des acteurs de l’information et des défenseurs des droits de l’homme contraints à l’exil. Reporters sans frontières, qui soutient plusieurs centaines de journalistes en exil chaque année, demande donc à l’ONU et aux Etats membres de favoriser des procédures de protection et de réinstallation pour les acteurs de l’information et défenseurs des droits de l’homme menacés dans les pays de transit. L’organisation réclame également la mise en place d’un mécanisme d’alerte spécifique et d’un référent au sein de chaque représentation locale du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations unies afin de permettre une identification et un traitement plus rapide des dossiers des journalistes et défenseurs des droits de l’homme particulièrement menacés.