Le blogueur Le Quoc Quan condamné à 30 mois de prison, un verdict inacceptable

L’avocat a écopé, ce mercredi 2 octobre, d’une peine de 30 mois de prison et d’une amende de 59 000 dollars au cours d’un procès inique et en vertu d’accusations fallacieuses. Conformément à l’accusation de fraude fiscale, 27 000 dollars ont également été saisis par les autorités.

“Ce jugement, clairement guidé par des motivations politiques, vise à museler et punir une voix dissidente. Cette décision s’inscrit dans la stratégie de répression orchestrée par le Parti à l’encontre de tous les acteurs de l’information indépendants. Nous dénonçons les conditions dans lesquelles s’est déroulé le procès. Les proches de l’accusé n’ont pas pu assister à l’audience et les médias ont encore une fois été instrumentalisés par les autorités. Le Quoc Quan est victime d’une justice aux ordres d’un Parti autoritaire et doit être libéré”, a déclaré Reporters sans frontières.

Le Quoc Quan a clamé son innocence et affirmé être la victime d’actes politiques. “Je vais poursuivre mon combat contre la corruption, la bureaucratie et l’immobilisme qui paralysent le Vietnam” a t-il déclaré, selon un correspondant AFP autorisé à suivre le procès depuis une salle annexe à celle de l’audience. Ni le frère de l’accusé, , ni sa soeur n’ont été autorisés à entrer dans la salle d’audience. Les agences de presse étrangères, pour leur part, ont reçu l’ordre de n’introduire aucun matériel d’enregistrement dans la salle d’audience.

Le procès a suscité une mobilisation inédite dans le pays. De nombreux militants et citoyens se sont réunis à Hanoï pour apporter leur soutien à Le Quoc Quan, et protester contre la répression dont les blogueurs font l’objet. Les manifestants sont parvenus à bloquer une artère importante de la ville. D’importants moyens ont été mis en place par les autorités pour les empêcher d’accéder au tribunal. Un bus transportant des membres de la famille de l’avocat vers Hanoï a été arrêté par la police qui a fouillé les bagages avant de renvoyer les voyageurs chez eux. A Hanoï, les blogueurs , et le dissident ont été séquestrés à leur domicile par les autorités.

Le Quoc Quan, avocat de 41 ans a été arrêté en décembre 2012 pour fraude fiscale. Son procès, initialement prévu le 9 juillet, avait été reporté à la dernière minute. Les raisons officieuses de son arrestation sont liées à ses activités de blogueur et ses appels au pluralisme politique, à la liberté de religion et à l’application des droits civiques. Il avait été arrêté au lendemain de la publication d’un article critique envers l’article 4 de la Constitution du Vietnam, affirmant le rôle proéminent du Parti communiste dans la gestion des affaires du pays.

Les mêmes accusations de “fraude fiscale” avaient été portées contre le blogueur , également connu sous le nom , en 2008. Ce dernier avait écopé d’une peine de 30 mois de prison, avant d’être à nouveau condamné, avant sa libération, à 12 ans de prison pour “propagande contre l’Etat”.

Le Vietnam se situe à la 172ème place du classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières et figure dans le Rapport Spécial surveillance 2013 ‘Les Ennemis d’Internet’.
Récemment, le premier ministre vietnamien Nguyen Tan Dung en visite à Paris avait refusé de s’entretenir avec Reporters sans frontières qui souhaitait lui remettre la pétition signée par 25 000 personnes réclamant la libération des 35 blogueurs emprisonnés.

Apportez votre soutien aux acteurs de l’information au Vietnam en signant cette pétition ici.

Lire le rapport Vietnam: “La mort programmée de la liberté de l’information” ici.