Le 5 mai 2013, une dizaine de professionnels des médias ont été blessés à Paltan (Dacca), alors qu’ils couvraient les violentes émeutes opposant des islamistes aux forces de police. Deux d’entre eux ont été hospitalisés dans un état critique. Dès le lendemain, deux chaînes de télévision pro-islamistes ont vu leurs programmes suspendus.
“Reporters sans frontières s’insurge contre la violence subie par les journalistes venus couvrir les manifestations d’islamistes, qui ont tourné à l’affrontement avec les forces de police. L’organisation rappelle que les journalistes, qui remplissent un rôle d’observateur neutre des événements politiques, ne doivent en aucun cas être pris pour cibles, que ce soit par les manifestants ou les forces de l’ordre. Nous appelons au calme. Les autorités doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la protection des acteurs de l’information”, a déclaré Reporters sans frontières.
“D’autre part, les informations relevant de l’intérêt général ne doivent pas subir les affres de la censure. La Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission, qui a ordonné l’arrêt de la diffusion des deux chaînes télévisées pro-islamistes Diganta Television et Islamic TV, doit fournir publiquement les raisons qui ont motivé cette décision, sans quoi celle-ci relève de l’arbitraire le plus total”, a ajouté l’organisation.
Le 5 mai 2013, après que les forces de l’ordre ont chargé sur des manifestants islamistes de Hefajat-e-Islam, les partisans de ce mouvement jusqu’à présent peu connu ont violemment pris à partie une dizaine de professionnels de l’information. Ont ainsi été visés : , correspondant du Dainik Janakantha, , du quotidien anglophone New Age, , et , respectivement photographe et rédacteur photo pour le quotidien Amader Shomoy, et , reporter et cameraman pour Shomoy TV, , reporter pour Mohono TV, ainsi que , reporter pour le portail d’informations Bdnews24, et son photographe . , reporter pour la chaîne Gazi TV, et son cameraman , ont été admis à l’hôpital dans un état critique. Les agresseurs ont également vandalisé les véhicules des équipes de télévision.
Le lendemain, le colonel Sazzad Hossain, un officiel de la Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission, a perquisitionné les locaux des deux chaînes pro-islamistes Diganta Television et Islamic TV, et réclamé l’arrêt de leur diffusion à 4h20 du matin. Aucun ordre officiel n’a été présenté, ni aucune explication fournie sur les motifs d’une telle décision.
La chaîne télévisée Diganta Television appartient au leader islamiste de Jammat-e-Islami, Mir Kashem Ali, actuellement emprisonné car suspecté de crimes contre l’humanité durant la guerre d’indépendance de 1971. Islamic TV est la propriété du frère de la figure de proue du principal parti d’opposition, le Parti Nationaliste du Bangladesh, Begum Khaleda Zia.
Les manifestations islamistes du 5 mai visaient à protester contre la décision du Premier ministre, Madame Sheikh Hasina, de rejeter le projet de loi visant à sanctionner ceux qui heurteraient les sentiments religieux, le Coran et le prophète Mahomet. Les manifestants islamistes ont également réclamé la peine de mort pour des blogueurs reconnus coupables “d’athéisme”. Actuellement, quatre blogueurs,, , et , sont détenus au Bangladesh sous ce chef d’accusation. Ils risquent jusqu’à 14 ans de prison et 100 000 euros d’amende. Deux utilisateurs de Facebook, , et , sont également incarcérés pour avoir publié des commentaires désobligeants sur l’Islam et le prophète.
Photo : STR / AFP