Reporters sans frontières s’insurge de la violence dont ont usé, le 20 juillet 2013, des membres des forces centrales de police (CRPF), à l’encontre de et , deux collaborateurs du quotidien anglophone Rising Kashmir, à Peerbagh (Etat du Jammu-et-Cachemire, nord du pays). L’organisation s’inquiète également du blocage des réseaux Internet et 3G qui ont eu lieu le 18 juillet dernier dans ce territoire, après que des soldats des Forces de sécurité des frontières indiennes (BSF) ont abattu six manifestants, protestant contre leur récente intrusion dans une mosquée.
“Nous sommes profondément indignés de la tentative de blocage de l’information à laquelle se livrent les forces de police à Peerbagh, et de la violence dont elles font preuve pour y parvenir. Nous attendons que l’enquête interne commandée par le surintendant de la police, permette d’identifier rapidement les hommes impliqués dans les agressions des journalistes”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Alors que les informations délivrées par certains médias locaux indiquent que l’entreprise Blackberry serait sur le point de fournir aux autorités un système capable d’intercepter en temps réel e-mails, pièces jointes et messages instantanés envoyés via Blackberry Messenger, nous appelons le gouvernement provincial à s’expliquer sur la décision de coupure Internet et 3G temporaire du 18 juillet dernier, et à mettre un terme définitif à ce type de directives, qui isolent abusivement la région et portent gravement atteinte à la libre circulation de l’information”, a ajouté l’organisation.
Le 20 juillet 2013, Mohammad Jaffar et Abdul Qayoom se rendaient au lieu d’impression du journal pour récupérer la version finale de la prochaine édition, lorsqu’ils ont été arrêtés par un lourd déploiement de forces de police. Les deux hommes ont été battus par la police et le CRPF, qui les ont forcés à quitter la zone. “Ils nous ont frappés, injuriés et menacés de terribles conséquences si nous revenions”, ont déclaré Abdul Qayoom et Mohammad Jaffar à Rising Kashmir. Ce dernier a été conduit à l’hôpital pour traitement de ses blessures. D’abord bloqué, le véhicule, destiné au transport des exemplaires de Rising Kashmir mais aussi de Buland Kashmir et de Sangarmal, a par la suite été autorisé à récupérer les journaux, après intervention du surintendant principal de police Budgam Mohammad Arshad, qui a indiqué avoir ouvert une enquête. Cet incident survient tandis que les autorités refusent régulièrement de délivrer aux professionnels des médias des laissez-passer durant le couvre-feu en vigueur dans l’Etat du Cachemire, comme l’ont indiqué plusieurs journalistes qui ont tenté de se rendre dans la région.
Deux jours plus tôt, les services Internet et 3G mobile ont été suspendus dans toute la vallée du Cachemire, après que les Forces de sécurité des frontières de l’Inde (BSF) ont abattu six civils. Si le gouvernement a nié avoir ordonné cette coupure, les opérateurs téléphoniques ont indiqué avoir reçu une directive orale, les enjoignant à procéder de la sorte, par mesure de précaution. “Nous avons reçu une directive orale de couper les services GPRS et 3G. La vitesse de débit a également été réduite”, a déclaré au Kashmir Reader un responsable de BSNL, le principal fournisseur de téléphonie et d’Internet, sous couvert d’anonymat.
Le recours à la suspension générale de l’Internet et des télécommunications comme mesure préventive de l’escalade de manifestations est un phénomène courant dans l’Etat du Jammu-et-Cachemire ; Les autorités avaient procédé de la même manière lors du soulèvement de 2010 dans la vallée, alors que des appels à la mobilisation étaient diffusés sur Internet.
Les violences contre les journalistes sont en hausse depuis quelques semaines dans la région. Le 18 juillet dernier, le photo-journaliste a été agressé par des membres du Congrès des travailleurs, tandis qu’il prenait des photos du meeting de désignation des candidats aux cinq sièges du district, organisé à Betul. Il a été admis inconscient à l’hôpital local. Une enquête a été ouverte pour “tentative de meurtre” en application de l’article 307 du Code pénal indien, et trois suspects ont été arrêtés par la police dans la soirée.
L’Inde figure au 140ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Photo : TAUSEEF MUSTAFA / AFP