Reporters sans frontières condamne les tentatives d’intimidation et de censure affectant la “Minga sociale indigène et populaire”, mobilisation nationale des peuples indigènes de Colombie.
Journaliste communautaire du département de César (Nord) et coordinateur de la Minga, a été cambriolé le 21 octobre 2013. Ses ordinateurs portables et disques durs ont été volés. Le 17 octobre 2013, trois journalistes indigènes du département du Cauca (Sud-Ouest) ont subi un violent assaut de la police anti-émeute (ESMAD). Deux jours plus tôt, le groupe paramilitaire des “Rastrojos” a adressé par tract de nouvelles menaces aux leaders et communicateurs des communautés participantes à la Minga.
“Intimidations et violences envers les populations indigènes et leurs médias se répètent à chaque Minga, dans une claire intention de censure. Cette situation rappelle à plus grande échelle le sort quotidien de nombre de petites rédactions communautaires, en particulier celles des zones de combat confrontées à la triple pression de l’armée, des paramilitaires et de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). La pérennité des médias communautaires constitue à la fois un enjeu de visibilité et d’information, mais aussi de sécurité pour des populations isolées et en danger constant. La Minga est un moment clé de débat public et d’expression des libertés constitutionnelles. Les attaques qui la visent, quelle qu’en soit l’origine, doivent être sanctionnées en conséquence”, déclare Reporters sans frontières.
“La Minga est une mobilisation sociale autour des revendications centrales des peuples indigènes colombiens, notamment l’autonomie des territoires”, souligne , porte-parole du Conseil régional indigène du Cauca (CRIC). “C’est un événement de communication qui s’adresse aussi au gouvernement, afin d’arriver à des accords de manière pacifique.”
A ses yeux, l’agression des agents de l’ESMAD contre les journalistes communautaires , et témoigne de cette tendance persistante des autorités à assimiler les manifestations indigènes à des actions subversives et donc à vouloir en limiter l’audience. “Nos journalistes font un travail extrêmement important pour le mouvement indigène, car nous ne pouvons pas compter sur les médias traditionnels. Malheureusement, il y a un réel problème de reconnaissance des médias communautaires en Colombie. Le manque d’accréditation officielle semble permettre l’agression des journalistes et la saisie de leur équipement en toute impunité par les forces de l’ordre”, déplore José Vicente Otero.
Les médias communautaires indigènes sont classés “objectifs militaires” par les groupes armés comme les “Rastrojos”. En pointe dans la couverture du thème des terres confisquées par les paramilitaires durant le conflit armé, ils se trouvent en permanence exposés à cette menace. “Nous ne nous laisserons pas intimider”, assure José Vicente Otero. “Nous continuerons d’informer sur le sort des peuples indigènes pendant et après la Minga.”
Reporters sans frontières a renouvelé en 2013 son aide aux radios communautaires affiliées au CRIC, en finançant l’acquisition de matériel d’enregistrement pour leurs journalistes.