Reporters sans frontières dénonce l’opacité et le secret entourant les poursuites lancées par la justice militaire contre Bradley Manning, dont le procès doit s’ouvrir le 3 juin 2013, à Fort Meade (Maryland). L’organisation s’inquiète en particulier de la récente décision de la Cour d’appel militaire, qui a rejeté, le 17 avril 2013, la demande formulée par les médias d’accéder aux documents relatifs aux procédures en cours. En déclarant ne pas être compétente pour répondre favorablement à cette demande, la Cour a créé un précédent inquiétant pour les médias.
“Il revient au Congrès américain – qui a institué la Cour d’appel militaire et défini ses compétences – d’intervenir et de s’assurer de la transparence des procédures au sein de cette juridiction. Le public doit pouvoir accéder librement aux documents relatifs au procès Manning”, a déclaré Reporters sans frontières. “Alors que Bradley Manning risque la prison à vie, il est plus que jamais nécessaire de rendre publics les éléments du procès qui s’annonce, en application des Premier et Sixième amendements de la Constitution des États-Unis”, a poursuivi l’organisation.
Cette récente décision s’inscrit dans un contexte peu propice au travail des journalistes qui couvrent l’affaire Manning. Récemment, la juge de la Cour a interdit les téléphones portables – ainsi que tout appareil permettant d’enregistrer – dans la salle du tribunal et dans la salle de presse au moment des débats. Cette décision a été prise suite à la diffusion sur Internet d’un témoignage de Bradley Manning, enregistré clandestinement le 28 février dernier, violant ainsi les règles de la cour.
Jeune analyste de l’armée américaine, Bradley Manning, 25 ans, est accusé d’avoir transmis à WikiLeaks des centaines de milliers de documents militaires secrets relatifs aux guerres en Afghanistan et en Irak, entre novembre 2009 et mai 2010. Sous le coup de 22 chefs d’inculpation, il encourt la prison à perpétuité pour “collusion avec l’ennemi”, le plus grave des faits qui lui sont reprochés.