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La cour d’appel de Paris a annoncé ce 22 mai 2013 son intention de rendre son délibéré le 26 juin prochain dans un procès en diffamation concernant la fameuse affaire “Al-Dura”, qui oppose le correspondant de France 2 à Jérusalem à Philippe Karsenty, fondateur de Media Ratings. Quelques jours plus tôt, le gouvernement israélien avait rendu public un rapport d’enquête sur l’affaire. La chaîne de télévision avait diffusé un reportage sur la mort à Gaza du Palestinien Mohamed Al-Dura le 30 septembre 2000. L’adolescent a-t-il été victime ou pas de tirs israéliens? La polémique n’a jamais cessé.
En septembre dernier, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a demandé la création d’un comité de représentants de différents ministères, de la police et de l’armée israélienne. Le rapport officiel met gravement en cause le travail de l’équipe de France 2. “Si le gouvernement israélien a le droit de répliquer publiquement à un reportage qu’il estime nuisible à son image, la forme et le fond du rapport sont sujets à caution et laissent à penser qu’il s’agit d’une opération de discrédit”, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
“Sur la forme, Charles Enderlin a toujours affirmé être prêt à témoigner devant une commission d’enquête, dans des conditions garanties d’impartialité et d”indépendance. Ces conditions n’ont pas été respectées. Jamais le journaliste n’a été sollicité par les auteurs du rapport. Jamais il ne lui a été demandé de présenter les bandes non exploitées de son tournage. Surtout, le document proprement dit ne présente que onze pages de rapport ‘factuel’ et consacre les trente autres à condamner l’usage fait du reportage. L’accusation portée contre le journaliste d’avoir, par son travail, ‘inspiré non seulement le terrorisme palestinien mais aussi le terrorisme international’ nous paraît à la fois absurde et inadmissible”, ajoute Christophe Deloire.
Le rapport israélien prétend s’appuyer sur des rushes non diffusés du reportage de Charles Enderlin. Ce dernier assure avoir mis l’intégralité des enregistrements à disposition sur Internet. S’agit-il de ceux-là? Les auteurs ne le précisent pas. Le rapport prétend qu’il n’existe pas de preuves attestant de la conformité du reportage de Charles Enderlin avec la réalité des faits, mais n’apporte aucun élément à l’appui de ses allégations. Le comité assure que des éléments tendraient à prouver que ni Jamal Al-Dura ni son fils n’ont été blessés par balle ce jour-là. En particulier, au lendemain de la tragédie, aucune trace de sang n’aurait été relevée à l’endroit où se tenait Mohamed Al-Dura. Le rapport, qui ne désigne pas l’auteur des constatations, affirme par ailleurs qu’aucune trace de sang n’était visible sur les images.
Selon le rapport, un mouvement de la main et du coude de l’enfant, survenu après l’annonce de sa mort par la voix off de Charles Enderlin, aurait été coupé au montage. Le rapport indique que, d’après le docteur Ricardo Nachman, directeur adjoint du centre médico-légal de Tel-Aviv, le garçon n’aurait pas pu effectuer de tels gestes s’il avait été blessé comme le laisse à penser le reportage. Le chirurgien franco-israélien Yehuda David, dont la déclaration figure en annexe du rapport, considère que les blessures constatées sur Jamal Al-Dura, le père de Mohamed, sont dues à des événement antérieurs à ceux montrés dans le reportage de Charles Enderlin. Ce dernier se fonde sur des rapports médicaux mais n’a jamais examiné l’homme en question après les faits.
“Ce document est une aberration”, rétorque le journaliste. “Comment les auteurs du rapport peuvent-ils omettre que Jamal Al-Dura a été hospitalisé le lendemain à Amman en Jordanie ? Comment peuvent-ils soutenir que l’armée israélienne n’a pas ouvert le feu ?” Proche du journaliste, Guillaume Weill-Raynal abonde : “Aucune expertise balistique n’est jamais venu étayer ces affirmations, qui ne datent pas du présent rapport.” “Ce rapport sur l’affaire Mohamed Al-Dura est probablement l’un des documents les moins probants produits par le gouvernement israélien au cours de ces dernières années”, estime Barak Ravid, correspondant diplomatique du quotidien israélien Haaretz.
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