Modifications liberticides de la loi sur l'information et la communication

Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude concernant l’adoption par l’Assemblée nationale, le 3 juillet 2013, des amendements à la législation principale qui définit les limites de la liberté de l’information en Gambie, le “Information and Communications Act” de 2009. La nouvelle loi prévoit jusqu’à quinze ans d’emprisonnement ou une amende de 3 millions de dalasis gambiens (64 000 euros) pour “la diffusion de fausses nouvelles à l’encontre du gouvernement de la Gambie ou de ses fonctionnaires”. Cette législation répressive vise en particulier les internautes gambiens qui satirisent régulièrement les représentants de l’Etat sur le Web.

“Les amendements de la loi sur la liberté de l’information adoptés par le parlement gambien, s’ajoutent à une des législations les plus liberticides en vigueur sur le continent africain. A travers ces modifications, l’Etat Gambien cible les acteurs de l’information, et s’attaque à l’un des derniers espaces de liberté d’expression”, a déclaré Reporters sans frontières.

“Nous demandons le retrait immédiat de cet amendement et une réforme en profondeur de la loi qui musèle déjà la presse au nom de la sécurité de l’Etat”, à ajouté l’organisation.

L’amendement à la loi a été proposé par le ministre de l’Information et de la Communication, Nana Grey-Johnson, afin de “se doter d’un moyen de dissuasion contre les personnes engagées dans des campagnes traîtres contre la Gambie à l’intérieur comme à l’extérieur du pays”. Le ministre a cité le “comportement non patriotique” des internautes gambiens dans sa défense de la nouvelle loi.

Le président, Yahya Jammeh, figure sur la liste des “prédateurs de la liberté de la presse” établi par Reporters sans frontières en mai 2013. La Gambie occupe aussi le 152e place sur 179 pays dans le classement de la liberté de la presse dans le monde de 2013, également établi par l’organisation.

Photo : Président gambien, (Yahya Jammeh Seyllou / AFP)